À l’occasion d’un webinaire animé par Emilie Korchia, CEO de My Job Glasses, Carl, ingénieur au SID depuis trois ans, dévoile les coulisses de son métier passionnant. Ce lieutenant d’à peine 28 ans en a profité pour évoquer ses plus grands challenges ainsi que les meilleurs souvenirs de son début de carrière militaire.
Carl est ingénieur au SID depuis 2022. Le lieutenant de 28 ans était sans aucun doute prédisposé à l’environnement des armées. “J’avais des parents militaires, se souvient-il. Même s’ils ont plutôt essayé de m’orienter sur autre chose, j’ai su très tôt que je voulais être militaire.” Selon lui, ce serait presque “quelque chose d’un peu inné.”
“J’ai toujours eu cette passion et cette envie de servir”
C’est quand il découvre le génie civil à l’école qu’il se dirige vers une école d’ingénieurs. Une bonne rencontre, puis les bonnes études, l’orientent vers le Service d’Infrastructure de la Défense.
“J’ai passé mon bac en 2014. Un bac S, spécialité sciences de l’ingénieur, tout ce qu’il y a de plus classique, résume-t-il. J’ai fait trois années de prépa avec comme objectif de rentrer dans l’armée de l’air pour faire pilote.”
Certains résultats d’examens médicaux, toutefois, l’en empêchent. Pas de problème, Carl a un plan B : le voilà parti à l’ École normale supérieure de Cachan. “Quand je dis aux gens que Normal Sup était mon deuxième choix, en général ils tombent de leur chaise”, s’amuse-t-il. En parallèle, le jeune homme devient réserviste de l’armée de Terre. “J’ai toujours eu cette passion et cette envie de servir à assouvir,” assure-t-il.
Après quatre ans d’études, Carl sort de l’ENS en 2021, avec un master 2 en génie civil, orienté recherche, ainsi qu’un master 2 en relations internationales. Un cursus pluridisciplinaire, avec lequel il rentre au SID “sur titre”, c’est-à-dire après un concours sur dossier.
Il suit sa formation militaire au sein de la Marine nationale pendant deux mois et demi, sur une frégate légère furtive. “C’est un bateau des années 1990 qui est apparu dans un James Bond. Un truc totalement futuriste, absolument génial”, se remémore-t-il. “On a découvert la vie embarquée, découvert la vie de marin, découvert ce que c’est que l’ambiance d’un équipage de la Marine. C’est très particulier et ce sont vraiment de très bons souvenirs.”
“Notre boulot, c’est vraiment : quand ça va bien, personne ne nous appelle”
Carl prend ensuite son premier poste, poste qu’il occupe toujours actuellement. Il devient adjoint au chef de section travaux dans une unité de soutien locale. Concrètement, Carl supervise une équipe de 12 personnes. Parmi elles, un dessinateur et 11 conducteurs de travaux.
”Ils ont une liste d’opérations qu’on leur distribue en début d’année, et qu’on répartit en fonction de leurs appétences dans certains domaines. Ça peut être l’électricité, la menuiserie. En fonction de leur répartition géographique aussi, forcément. Ces travaux-là, on les répartit, et puis ils ont ensuite la responsabilité de tout faire, de A à Z.”
Cela va de petits travaux, comme des remplacements de pompes de circulation, à de grandes missions telles que la réfection complète d’un service d’hospitalisation dans un hôpital militaire, ou de l’Hôtel de Brienne, qui abrite les bureaux du ministre des Armées. “En fait, notre boulot, c’est simple : quand ça va bien, personne ne nous appelle”, plaisante-t-il.
Le rôle de Carl est de s’assurer que son équipe ait à disposition la bonne ressource financière au bon moment et qu’elle puisse intervenir dans les meilleures conditions possibles.
La sécurisation des JO de Paris ? “Un gros gros challenge”
À seulement 28 ans, on peut dire que Carl occupe un poste à responsabilités. “C’est une des grandes forces du ministère des Armées, se réjouit-il. Donner beaucoup de responsabilités, très vite, à de jeunes ingénieurs. Et c’est vrai dans toutes les armées.”
Des responsabilités oui, ainsi que des challenges qui ont déjà marqué le lieutenant. Parmi eux, une opération extérieure au Moyen-Orient (OPEX) de 4 mois et demi, pendant laquelle Carl est conducteur de travaux. Une ambiance « un peu particulière” admet-il, mais très enrichissante.
Sans oublier la sécurisation des Jeux Olympiques de Paris en 2024. “Un gros gros challenge”, assure Carl. Le lieutenant s’est porté volontaire avant même de savoir ce que serait son rôle. “Je me suis dit : C’est une seule fois tous les 100 ans, donc bien sûr (que je suis partant) !”
“Pour les JO, il a fallu déployer des infrastructures pour la protection de la zone d’embarquement de tous les athlètes présents lors de la cérémonie. Si on se souvient bien de la cérémonie, tout le monde était sur des bateaux. Il a donc fallu faire embarquer les athlètes tous au même moment pour que la cérémonie parte à l’heure, évidemment. Et pour que la cérémonie parte à l’heure, il fallait livrer à l’heure une zone sécurisée, protégée, qui avait été fouillée, blanchie, comme on dit chez nous.”
Le seul bateau que Carl ne voit pas passer ? Celui de la délégation française !
À partir du mois de mars 2024, Carl travaille ainsi à plein temps sur les Jeux Olympiques. Son chef lui dégage du temps pour le sortir quasiment intégralement de ses missions habituelles. “On a mis en place des postes de commandement, des barrières de séparation nautique sur le fleuve et tout un tas d’éléments qui nous permettaient de protéger l’accès à la zone physiquement.”
Une mission absolument passionnante. Avec, forcément, beaucoup d’enjeux. “La cérémonie d’ouverture, il avait été annoncé qu’elle se déroulerait sur la Seine, donc on n’avait pas le droit de se louper. On transforme, en pleine zone urbaine, des kilomètres de quai en zone militaire. (…) Il faut s’imaginer, pour ceux qui connaissent et qui ont une idée, à côté de la Cité de la Mode, en train de gruter en plein Paris, en pleine journée, des algécos de 4 tonnes avec les gens qui font leur footing en dessous.”
Le jour de la cérémonie, Carl se trouve au bord de l’eau. Et le seul bateau qu’il ne voit pas passer… est évidemment celui de la délégation française. “J’ai vu tout le reste, rassure-t-il. Une fois que tous les bateaux étaient partis, la pression est un peu retombée.”
Le défilé du 14 juillet ? Un moment “forcément impressionnant”
Autre challenge de taille : le célèbre défilé du 14 juillet sur les Champs Elysées à Paris. Le SID en fait évidemment partie. Carl y participe un an après sa prise de poste. Un souvenir “forcément impressionnant.” Qui nécessite, bien entendu, beaucoup, beaucoup de préparation.
Les entraînements officiels démarrent 10 jours auparavant, au tout début du mois de juillet. “C’est un petit peu un concours d’ego, résume Carl. Il faut être le plus beau.”
Et pour être le plus beau, il n’y a pas de secret : s’entraîner. Inlassablement. “On pourrait croire que marcher, c’est facile. Mais en fait, ce n’est pas si facile que ça. Faire marcher 70 personnes sur le même rythme, à la même vitesse, avec les mêmes écarts tout le temps, sachant qu’on défile avec des épées, parce qu’on est ingénieur, c’est assez particulier.”
Des répétitions sont organisées, avec un sens du détail inouï. “Ils enregistrent tout en vidéo, et ils ont des écrans sur lesquels ils scotchent des lignes noires, pour que les gens soient bien alignés”, détaille Carl.
Si l’attente est longue, Carl relativise. “Une fois qu’on est dedans et dans le rythme, ça passe en un claquement de doigts. C’est super. (…) C’est vraiment l’occasion de tous se retrouver, de passer un super moment, de rencontrer des gens d’autres écoles, d’autres unités, de pouvoir échanger.”
“Je le revendique. Je suis fier d’être ingénieur militaire”
Après trois ans à ce poste, Carl sait déjà de quoi son avenir sera fait. Prochainement, il occupera le poste de chef d’antenne de maintenance dans une unité locale située dans le Sud-Ouest. Pour lui, c’est un nouveau défi à relever. “Ce sont des choses qui sont un petit peu différentes de ce que je fais aujourd’hui. Je n’aurai pas en charge de monument historique, et je serai plus proche de la forêt et de la plage.”
Revenir dans le monde civil n’a jamais été une question ni même un sujet. “Je pense que j’aurais eu du mal à être seulement ingénieur dans une entreprise civile. Et uniquement militaire, il m’aurait manqué quelque chose.” Pour lui, ses deux casquettes sont littéralement “indissociables.” “Je le revendique. Je suis fier d’être ingénieur militaire. Je ne suis pas juste ingénieur, je ne suis pas juste dans les armées, je suis ingénieur militaire.”
Et maintenant ?
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