
Faire voler un avion, cela ne s’improvise pas. Thibault, 27 ans, en sait quelque chose : avec une équipe dédiée, cet ingénieur support technique et documentation chez Dassault Aviation, à Mérignac, est chargé de l’identification des pièces de rechange de ces appareils. C’est un travail long et minutieux qu’il a accepté de détailler pour My Job Glasses.
Bonjour Thibault, vous êtes ambassadeur sur My Job Glasses. Vous ne prenez pas votre rôle à la légère : en seulement deux ans, vous avez effectué plus de 90 rendez-vous. D’où vous vient cette envie de transmettre ?
Thibault : Ma motivation est simple : quand j’étais étudiant, j’aurais adoré avoir ce type de plateforme. Je ne viens pas du milieu de l’aéronautique et mes parents n’ont pas fait d’études d’ingénierie.
J’aurais vraiment aimé pouvoir poser toutes mes questions. Et même si je n’ai pas pu avoir cette chance, je suis très heureux d’être de l’autre côté. Ça me motive. J’espère d’ailleurs sincèrement que les élèves ingénieurs que j’ai pu rencontrer sur My Job Glasses me rappelleront dans deux ans pour chercher leur stage.
En deuxième lieu, je veux promouvoir l’aéronautique, un métier que j’adore et montrer que tout le monde peut y avoir accès : hommes, femmes, personnes en reconversion. Souvent, des profils féminins ne choisissent pas nos métiers. Il faut pourtant rappeler qu’elles y ont toute leur place. Nous accueillons tout le monde et nous poursuivons nos recrutements.
Et enfin, présenter son métier et répondre aux questions que cela suscite me fait prendre du recul sur le chemin parcouru. Voir que j’ai pu évoluer de telle mission à telle mission aujourd’hui, ça me fait réfléchir. En parallèle de My Job Glasses, d’ailleurs, je donne aussi des cours dans mon ancienne école. C’est une autre de mes casquettes.
“Je n’étais pas du tout destiné à devenir ingénieur”
Quelles études avez-vous effectuées pour devenir ingénieur support ?
Thibault : J’ai eu un parcours “mouvementé”. Dans un premier temps, je n’étais pas du tout destiné à devenir ingénieur. J’ai d’abord passé un bac S option SVT. Mais ensuite, je me suis orienté vers une classe préparatoire de grandes écoles. J’y ai passé un an, cela a été très formateur. Toutefois, le système de compétition ne me plaisait pas.
J’ai ensuite compris ce que je voulais faire. L’aéronautique m’avait toujours plu. J’ai donc passé une double licence physique-chimie / mathématiques avec une option supplémentaire intitulée “cursus master ingénierie”. J’ai ensuite rejoint une Licence 3 d’IMSAT (Ingénierie et Maintenance des Systèmes pour l’Aéronautique et le Transport) puis j’ai fait un master Maintenance Aéronautique en alternance.
Vous exercez depuis cinq ans chez Dassault Aviation et vous occupez le poste d’ingénieur aéronautique support technique et documentation. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?
Thibault : Tout d’abord, il faut savoir que je travaille pour l’instant sur les avions civils de Dassault Aviation, les Falcon. Dans la fonction support Falcon, nous avons une très grande gamme de missions. J’en ai trois principales. La première, c’est que pour tous les nouveaux avions conçus, je dois identifier les pièces qui sont “d’intérêt rechange” afin d’aider au mieux nos clients.
Il faut savoir qu’un avion est constitué de plusieurs millions de pièces. Nous ne pouvons toutefois pas les avoir toutes en stock. Je me place du côté technique, c’est-à-dire que j’analyse techniquement les pièces de l’avion. Il y en a, par exemple, qui sont davantage sujettes à la casse, à la corrosion, et celles qui ont une maintenance programmée comme dans les voitures avec les pneus et les freins, que nous savons bien que nous allons devoir changer à un moment.
“Dans l’aéronautique, toute pièce est identifiable”
Cela doit vous prendre un temps fou, non ?
Thibault : Oui ! C’est un travail qui dure environ deux ans pour chaque nouvel avion. Mais je ne suis pas tout seul, nous sommes toute une équipe. Nous nous appuyons sur nos connaissances, sur les personnes dans le service. Dassault fabrique tout de même des avions depuis un siècle.
Nous travaillons aussi avec un tissu industriel international. Nous devons travailler conjointement avec nos partenaires, leur demander l’autorisation d’avoir certaines pièces en stock sans avoir besoin de les appeler. Nous avons besoin d’eux pour le meilleur état de livraison.
Par exemple, il est préférable d’avoir une poignée de porte déjà fixée quand nous changeons la porte d’un avion. Nous devons donc trouver une référence qui correspondra à une porte équipée de sa poignée. Dans l’aéronautique, toute pièce est identifiable. Toute pièce ou sous-composant de pièce a une référence.
Vous parliez de deux autres missions. Quelle est la deuxième ?
Thibault : Ma deuxième mission, c’est que je gère, au choix, soit des projets d’innovation, soit le maintien en condition opérationnelle de nos activités liées à la transformation numérique de la société. L’un des plus gros projets sur lequel j’ai pu travailler, c’est le catalogue de pièces illustrées en 3D. C’est une chance incroyable !
Concrètement, la documentation était auparavant en deux dimensions et comprenait un dessin technique, avec des petites flèches et des numéros qui pointaient les pièces de rechange. Pour améliorer cette documentation, nous avons créé un visualiseur 3D. Le client peut désormais naviguer dans l’avion en 3D, pour identifier la pièce. Nous travaillons également sur un projet qui sera lancé en septembre : de la réalité augmentée que nous allons calquer sur nos avions réels.
“Nous travaillons sur tout ce qui constitue l’avion : le train d’atterrissage mais aussi la machine à café”
Votre troisième mission vous prend-elle autant de temps ?
Thibault : Non, pas vraiment, mais elle est plus dans l’urgence. Il faut souvent lâcher les deux autres pour la réaliser. C’est la mission que j’avais lorsque je suis entré en alternance chez Dassault en 2018. Il s’agit de support aux opérationnels. C’est très concret : ce sont des clients qui nous envoient des questions en français ou en anglais sur leurs pièces de rechange, parce qu’ils ont un problème.
Cela peut être une pièce qui a de la corrosion et qui n’est plus identifiable car elle n’a plus d’étiquette. Nous travaillons sur tout ce qui constitue l’avion : le train d’atterrissage, la cabine, mais aussi la machine à café ou… les toilettes ! Nous ne connaissons évidemment pas tout, mais nous savons où chercher. Et dans l’aéronautique, nous travaillons beaucoup en équipe.
Qui sont vos clients, justement ? Des compagnies aériennes ?
Thibault : Pas vraiment. Ce sont plutôt des loueurs d’avions ou des entreprises qui possèdent leurs avions pour leurs dirigeants par exemple. Nous travaillons aussi beaucoup avec les centres de maintenance dans le monde entier.
Vous dites que l’aéronautique vous a toujours intéressé. Quel aspect de cette filière vous attirait spécifiquement ?
Thibault : Lever les yeux et voir des avions voler, ça m’a toujours impressionné. Voir à quel point l’humain arrive à assembler des machines capables de voler plusieurs fois à la vitesse du son, arrive à faire voler des passagers sur des dizaines de milliers de kilomètres en quelques heures… c’est un domaine auquel je voulais absolument participer. Il y a aussi la question écologique : j’ai envie de travailler à la transition de notre secteur.
En termes d'écologie, "Dassault Aviation met sa pierre à l’édifice"
Justement, en parlant d’écologie : quelles sont les mesures et les initiatives mises en place par Dassault Aviation ?
Thibault : Dassault Aviation travaille sur l’utilisation des carburants durables, les SAF (sustainable aviation fuel, ndlr), qui permettent de diminuer les émissions carbones des avions. Il y a encore du travail, c’est certain. Mais Dassault Aviation met sa pierre à l’édifice. Le Falcon 10X sera, par exemple, capable de voler en 100% SAF.
Ensuite, au niveau des pièces de rechange, nous évitons au maximum les trajets inutiles. Nous rationalisons notre chaîne logistique pour limiter les transports, ainsi que le choix des pièces de rechange : ce n’est pas la peine de transporter une énorme pièce si nous pouvons seulement en changer un petit bout. Nous les réparons ainsi plus facilement tout en améliorant notre empreinte environnementale.
Quel est votre plus grand accomplissement depuis que vous êtes en poste ?
Thibault : La documentation 3D dont je vous ai parlé. C’est une première mondiale. C’est extrêmement gratifiant et challengeant ! Il a fallu tout inventer, trouver une solution pour afficher la 3D rapidement partout dans le monde avec ou sans connexion internet, sur PC et sur tablette. Puis le mettre en place et former les utilisateurs.
“C’est l’une des grandes forces de Dassault Aviation. On nous offre beaucoup d'opportunités pour évoluer”
Vous avez une idée pour la suite de votre carrière ?
Thibault : Je la vois à Bordeaux. J’aimerais faire grandir mes compétences techniques pour aider nos clients et nos avions au quotidien. Une fois que je me sentirai encore plus légitime techniquement, j’aimerais peut-être prendre des responsabilités managériales. C’est l’une des grandes forces de Dassault Aviation. On nous offre beaucoup d’opportunités pour évoluer.
✈️ Thibault, ambassadeur My Job Glasses au Salon du Bourget 2025
“C’est une très belle vitrine pour l’aéronautique. C’est une bonne occasion de venir voir toutes les opportunités que la filière peut offrir. Je le répète : tout le monde peut venir travailler dans l’aéronautique.”
Et maintenant ?
Le parcours de Thibault vous intéresse ? Vous aimeriez découvrir la richesse des métiers de l’aéronautique ? Contactez l’un des 1000 ambassadeurs de cette filière sur My Job Glasses et obtenez toutes les réponses à vos questions !