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De sa première négociation sans voix à un contrat d’un milliard d’euros : l’ascension de Chloé, acheteuse civile au ministère des armées

De sa première négociation sans voix à un contrat d’un milliard d’euros : l’ascension de Chloé, acheteuse civile au ministère des armées

Elle n’a que 33 ans, et déjà une carrière ascendante dans la fonction publique, ainsi qu’une médaille de la Défense nationale décrochée l’an dernier. Chloé est attachée d’administration de l’État, civile au ministère des Armées depuis 2017, et son témoignage lors d’un webinaire animé par Émilie Korchia (CEO de My Job Glasses) est passionnant. Entre audace, curiosité et travail acharné, son parcours raconte une trajectoire exemplaire au sein d’un ministère où les opportunités sont nombreuses… à condition d’oser les saisir.

Quand Chloé décroche son premier poste au ministère des Armées en 2017, elle ne connaît pas le milieu. Elle n’a ni parents militaires, ni culture de la Défense, ni spécialisation en achats. Originaire de Corse, Chloé passe d’abord un bac économique et social. “À l’époque, je ne savais pas trop ce que je voulais faire. Donc, j’ai fait comme ma grande sœur, j’ai fait mes études de droit.” Elle commence sa première année à la faculté de Corte, toujours en Corse, puis part à Aix-en-Provence, où elle se spécialise en droit public

“Le choix de la fonction publique et ce côté intérêt général m’a passionnée”

Très vite, elle comprend que les stages seront un levier déterminant. Elle multiplie alors les expériences : cabinets d’avocats privés, publics, collectivités…”Ces stages m’ont permis de trancher, de choisir ma voie.”

 

Peu à peu, une conviction s’installe : pour Chloé, ce sera la fonction publique. “Le choix de la fonction publique et ce côté intérêt général m’a passionnée.” Elle termine son parcours universitaire avec un master 2 en droit public, droit des contrats publics et des affaires publiques, puis vise un concours qui va changer sa trajectoire.



L’IRA, “une richesse financière et intellectuelle’

Chloé passe le concours de l’IRA, l’Institut régional d’administration, qui forme les futurs cadres de l’État. Elle y découvre un format unique : “C’est une formation qui va durer 1 an. Le gros avantage, c’est que c’est une formation professionnalisante et rémunérée. Donc ça, c’est plutôt sympa quand on termine ses études. On est payé pour apprendre. C’est une richesse financière et intellectuelle”

 

Les cours sont variés : finances publiques, politiques publiques, achats, RH… et surtout beaucoup de stages, déjà très concrets dans l’administration. Mais l’enjeu principal, c’est le classement de sortie : “J’ai travaillé pour être bien classée pour choisir un ministère qui m’intriguait et un poste qui était aussi en cohérence avec mes études.

 

Parmi la liste des postes proposés, un intitulé retient son attention : expert juridique dans les achats d’armement au ministère des Armées. “À l’issue de mon concours, j’ai découvert qu’il y avait un poste d’expert juridique dans les achats d’armement. Je me suis dit : Waouh, c’est quoi ce métier ? C’est un métier d’agent secret ? Et en fait, c’est la curiosité qui m’a amenée au sein du ministère et finalement, c’est la passion qui m’a fait y rester.” 

 

Chloé débute à Paris, en tant qu’experte juridique dans les achats d’armement. Son rôle ? Veiller à la bonne application de la réglementation.”J’étais là pour apporter la partie sécurité réglementation sur les opérations d’achat d’armement… j’étais un peu le garde-fou pour vérifier qu’on appliquait bien la loi.” Le poste est intéressant. 

 

Mais très vite, quelque chose la titille.



Acheteur négociateur : ce nouveau métier qui la passionne

Au fil des dossiers, Chloé travaille main dans la main avec les acheteurs négociateurs. “Je me suis rendu compte que le métier d’acheteur négociateur m’intéressait plus que le mien, que celui que je faisais à l’époque.”

 

Problème : elle n’a pas le bon profil académique. Elle a fait du droit, pas une école de commerce ou un master achats. Sur le papier, rien ne la prédestine donc à ce virage.


Elle décide de ne pas se laisser enfermer dans ses études initiales : “Je suis allée voir mes chefs de service en disant : certes, j’ai fait des études en droit, certes, j’ai un poste d’expert juridique, mais ce métier-là d’acheteur me passionne, il m’intéresse. (…) Je suis prête à les apprendre, à travailler plus que les autres pour justement être bonne sur ce poste-là.”

 

Oser demander un changement de métier dès son premier poste, sans la formation adéquate et sans poste ouvert, c’est un vrai pari. “Au début, j’y croyais pas, mais je me suis dit : écoute Chloé, tente-le parce qu’au pire on te dit non.”

“J’étais tellement stressée que j’ai perdu ma voix”

Mais on lui dit “oui”. Son deuxième poste se trouve à Toulon. L’occasion pour elle de se rapprocher de la mer, mais aussi de basculer réellement dans le métier d’acheteur négociateur. “Au début, il y avait une petite défiance de mes collaborateurs qui disaient : la juriste qui vient de Paris, elle n’a pas de formation d’achat.”

 

Mais Chloé s’intègre. Elle travaille énormément. Elle se forme aux aspects techniques du métier : analyse financière, pilotage des marchés publics, négociation avec les industriels. Et elle fait ses armes en réunion… non sans quelques ratés. “(Pendant ma première négociation) j’étais tellement stressée que j’ai perdu ma voix. C’était assez ridicule. À l’issue de la réunion, je me suis dit : mon dieu, plus jamais ça. Il faut voir un peu de recul en disant : c’est pas un échec, c’est un apprentissage.”

 

Elle enchaîne les formations proposées par son employeur et décortique les pratiques de ses collègues : “Je leur demandais si je pouvais aller avec eux aux autres réunions de négociation… pour voir comment ils réagissaient. “ Elle travaille aussi seule, chez elle: “Je répétais devant la glace et je me filmais pour voir un peu ma gestuelle.”

 

À force de travail et d’audace, la timide jeune juriste devient une négociatrice à l’aise. “Aujourd’hui, c’est finalement la partie du métier que je préfère.”

 

“Mon plus gros contrat était d’un milliard d’euros”

Mais un acheteur ne fait pas que négocier. Chloé accompagne les unités qui formulent un besoin, qu’il s’agisse d’un radar, d’un drone, d’un système technique ou d’une prestation. Elle en définit les contours avec elles, puis construit toute la procédure d’achat aux côtés d’un expert technique.

 

Elle pilote ensuite la rédaction des pièces, suit l’arrivée des offres, mène évidemment les négociations, puis tranche. C’est elle qui attribue et notifie officiellement le contrat. Du besoin initial à la signature finale, Chloé orchestre chaque étape.

Elle ne travaille toutefois jamais seule. “L’acheteur est tout le temps accompagné d’un expert technique… et en backoffice, il a l’expert juridique, les adjoints au chef… tout un staff derrière.” 

 

Les enjeux, eux, sont toujours réels, qu’il s’agisse de dépanner rapidement un système ou de passer un contrat stratégique.“On travaille sur de l’argent public donc on ne dépense pas n’importe comment. Mon plus petit contrat, je crois qu’il était à 1 200 euros, et mon plus gros contrat était d’un milliard d’euros.” Une fois bien installée dans son rôle d’acheteuse, Chloé s’intéresse désormais au management. Elle observe ses chefs et se reconnaît dans leurs missions : “Des missions de pilotage, d’encadrement. Et ça aussi, ça m’intéressait.”

 

Formée à l’encadrement à l’IRA, elle décide à nouveau de faire sa propre place. “Je suis allée voir ma chef en disant : écoutez, voilà, je veux être votre bras droit, je veux être votre adjointe, je me sens prête pour ça.” Une fois encore, sa démarche est payante : un poste d’adjointe est créé pour elle. “Je garde encore une petite casquette d’acheteur. Ça me permet de garder ce lien avec les acheteurs, et de ne pas être juste la chef qui donne des directives”, se réjouit-elle.

Une médaille, notamment grâce à son rôle d’ambassadrice My Job Glasses

Au-delà de ses missions de terrain, Chloé prend très à cœur son rôle d’ambassadrice du ministère des Armées, notamment via My Job Glasses. Elle participe à de nombreux échanges avec des jeunes, répond aux questions, déconstruit les préjugés.

 

Un engagement officiellement reconnu : l’an dernier, elle apprend qu’elle va être décorée :  “J’ai eu le privilège d’être médaillée de la défense nationale pour mes actions, pour faire parler du ministère, faire connaître le ministère des Armées, notamment grâce à My Job Glasses. (…) C’est une belle reconnaissance, c’est quelque chose de très marquant pour ma carrière, en tant que jeune civil et que femme.”

 

Grâce à son statut d’attachée interministérielle, Chloé peut évoluer au sein de tous les ministères. Pour l’instant, elle reste passionnée par le ministère des Armées, mais ne s’interdit pas d’explorer à l’avenir de nouveaux univers : finances, RH, soutien, d’autres familles professionnelles. “Dès lors qu’on travaille au ministère des Armées, on a de belles opportunités.”

 

Son conseil ? “Il faut oser. Au pire, on vous dit non, mais on ne vous reprochera jamais d’avoir de l’ambition et d’essayer.” Le parcours de Chloé ne cesse de le prouver. 

Pour revoir notre webinaire…

Et maintenant ?

Le parcours de Chloé vous intéresse ? Vous envisagez de devenir Civil au ministère des Armées ? Contactez l’un des ambassadeurs des Civils de la Défense sur My Job Glasses. Ils sont nombreux à pouvoir répondre à vos questions et vous aider à prendre une décision éclairée pour votre avenir professionnel !