Adjoint au chef de l’USID (unités de soutien d’infrastructure de la Défense) de Saint-Dizier, le Commandant Florent met depuis plus de dix ans son expertise technique au service des forces armées, en France comme en opération extérieure (OPEX). À l’occasion d’un webinaire animé par la CEO de My Job Glasses, Emilie Korchia, l’ingénieur principal nous dévoile les coulisses de son métier.
L’armée, pour Florent, ce n’était pas une évidence. C’est “une occasion qui s’est présentée.” Car contrairement à de nombreux militaires, il ne vient pas d’une famille ancrée dans le milieu depuis des générations.
Il nourrit simplement depuis l’enfance une passion pour un engin en particulier. “J’avais ce rêve de petit garçon – devenir pilote d’hélicoptère – que je n’ai finalement pas concrétisé. Une fois le bac en poche, je suis parti faire des études supérieures, tout en gardant toujours cet attrait en tête.”
L’amour du patrimoine ancré en lui
Aujourd’hui ingénieur principal au Service d’Infrastructure de la Défense, et plus précisément à l’USID (unités de soutien d’infrastructure de la Défense), le Commandant de 39 ans a intégré l’armée en 2011, après des études dans le civil.
“J’ai fait un bac économique et social, pas un bac scientifique. (…) Après le bac, je suis parti à l’université, en fac d’histoire. J’ai suivi le parcours classique : licence, puis master, en me spécialisant en histoire contemporaine. Et c’est à ce moment-là que ce qui m’était apparu comme une évidence, c’est-à-dire devenir professeur d’histoire-géographie, ne m’a finalement pas convaincu.”
Florent se pose alors des questions sur la suite de son parcours. Sur ce qui pourrait bien l’attirer. “Et je me suis orienté vers la gestion du patrimoine, notamment du patrimoine bâti, d’abord sous l’angle historique. C’est en fait l’amour du patrimoine, de l’histoire du patrimoine, qui m’a permis de concilier les domaines techniques avec l’exercice de ce métier que je fais aujourd’hui.”
Des insignes qu'il porte fièrement
Une réflexion qui le pousse à intégrer un master professionnel à la suite de son master d’histoire contemporaine. C’est un master proposé conjointement par une école d’architecture et l’Institut d’urbanisme de Grenoble, tourné vers le projet urbain et la maîtrise d’ouvrage.
“J’ai eu la chance, lors de la dernière année de ce master, de suivre un apprentissage chez RTE, Réseau de Transport d’Électricité. J’y ai fait de très belles rencontres, notamment celle que j’appelle aujourd’hui mon papa professionnel, mon maître d’apprentissage, qui m’a véritablement transmis le goût du métier.”
Cette expérience conduit Florent à rejoindre, à l’issue de son master, le Service d’Infrastructure de la Défense. “J’avais croisé, au moment de ma réorientation entre le master d’histoire et celui d’urbanisme, un capitaine du SID qui avait remarqué mon profil. Il m’a proposé qu’on se rencontre pour en discuter, juste avant l’obtention de mon diplôme. L’opportunité s’est présentée à moi un peu naturellement. Aujourd’hui, je porte fièrement sur mes insignes d’ingénieur militaire d’infrastructure : une forteresse de type Vauban ainsi qu’un corps de place avec cinq bastions et cinq demi-lunes. Pour quelqu’un qui vient de l’histoire, ça a vraiment du sens.”
La chance d'exercer les trois principaux métiers du SID
Après plus de 14 années passées au SID, Florent éprouve une grande satisfaction. Il a eu la chance d’exercer les trois principaux métiers du Service d’Infrastructure de la Défense. “Le premier, c’est celui de maintenancier. Là, il s’agit vraiment de gérer l’ensemble du patrimoine bâti du ministère, de le faire vivre, de l’accompagner au quotidien.”
Ensuite, il y a la mission de maître d’œuvre. C’est un métier davantage tourné vers la conception et le pilotage des travaux, réalisés par des entreprises, pour répondre aux besoins en rénovation ou en construction du SID .
“Et enfin, j’ai exercé des missions de maîtrise d’ouvrage. Là, on est davantage sur un pilotage stratégique des projets : on part du besoin exprimé, on rédige un programme d’infrastructure, puis on le traduit en projet concret. J’ai eu la chance de travailler sur plusieurs programmes majeurs, en France comme à l’étranger.”
“Moi j'aime bien dire que 4 mois d'OPEX ça me fait gagner 4 ans d'expérience”
En France, le Commandant contribue à l’accueil des nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque de la Marine nationale. À l’étranger, Florent s’y rend à de multiples reprises, dans le cadre de missions d’envergure. D’abord au Mali pour l’opération Serval, pour laquelle il est déployé comme premier officier infrastructure. Puis dans le cadre de l’opération Barkhane.
“J’ai travaillé sur l’accueil des avions ravitailleurs MRTT. (…) Le MRTT est un Airbus comme un avion civil, mais qui est transformé pour pouvoir remplir plusieurs fonctions : ravitailleur, avion hôpital, avion de transport de passagers. (…) On était en même temps en train de réaliser ces infrastructures en France, donc je ne pouvais pas m’appuyer sur un programme déjà finalisé. Il a donc fallu définir le programme pour l’accueillir au Tchad, au Niger, sur l’ensemble du théâtre et des aérodromes qu’on avait.”
S’adapter à un nouvel environnement, à de nouveaux savoir-faire, cela fait partie du métier. “Moi, j’aime bien dire que quatre mois d’OPEX, ça m’a fait gagner quatre ans d’expérience professionnelle”, explique Florent.
“Le Niger, c’est l’un des pays ayant l’indice de développement humain le plus bas, et pourtant… ce sont de vraies leçons de vie qu’on reçoit, chaque jour, en accompagnant ces personnes sur nos chantiers.(…) On n’est pas toujours obligé d’avoir dix camions toupies de béton à la queue leu leu. Voilà, on peut faire différemment, et s’adapter. Et ça se fait très bien.”
Une reprise d’études à 33 ans, un diplôme 100% en anglais
Et comme si cela ne suffisait pas, le Commandant Florent se lance également un autre défi à l’âge de 33 ans : reprendre ses études. “Le SID identifie, dans sa gestion emploi-compétences, des capacités et savoirs un peu déficitaires. Et aujourd’hui, entre autres, en ouvrages maritimes et construction portuaire, il y a ce besoin de former des gens à ces spécificités-là. Donc moi, qui n’avais pas un bagage scientifique, je suis allé reprendre un bac+6 en école d’ingénieurs.”
Un diplôme 100% en anglais, avec, au programme, la propagation d’équations avec des nombres d’Irryen, entre autres; “Des choses bien complexes qui permettent de comprendre et de calculer le dimensionnement des ouvrages. C’était pour moi le plus grand challenge, parce que j’avais l’impression que ça allait me permettre de gagner en légitimité sur mon aspect professionnel, n’ayant pas de diplôme d’ingénieur, mais un master.”
Une diversité de projets passionnante
Au SID, on peut en effet y entrer sans diplôme d’ingénieur, rappelle Florent. Et on peut y exercer en étant civil : aujourd’hui, le Service d’Infrastructure de la Défense, c’est 70 % de civils pour 30 % de militaires.
À presque 40 ans, le Commandant Florent ne regrette pas un instant son choix de carrière. Cette “opportunité qui s’est présentée”. “On peut être amené à réaliser des infrastructures hospitalières, aéronautiques, tertiaires (comme des bâtiments d’hébergement ou des messes, c’est-à-dire des cantines), mais aussi des projets extrêmement spécifiques, comme des infrastructures nucléaires. (…) Ce qui est passionnant, c’est la diversité des projets.”
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