Sauver des vies au quotidien : Gaël est infirmier de bloc opératoire de 2ᵉ grade au Service de Santé des Armées (SSA). En 17 ans de carrière à l’hôpital d’instruction des armées Percy, cet IBODE a effectué pas moins de six opérations extérieures, notamment en Afrique. Il raconte la réalité d’un bloc sous tente, la chirurgie de sauvetage, l’éthique, la cohésion d’équipe… ainsi que son chemin atypique, commencé loin du monde militaire.
“Rien de tout ça n’était prévu”, s’amuse Gaël. Car avant d’endosser l’uniforme, il n’imaginait ni devenir militaire, ni infirmier. Après le bac, il s’oriente vers des études de commerce et communication : “Rien à voir, reconnaît-il. Mais justement, l’été, ma tante, qui travaillait à l’hôpital, m’a proposé un job de brancardier.”
Cette première expérience est comme un déclic : Gaël enchaîne les contrats, notamment en bloc opératoire. Fasciné par ce monde, il décide alors d’intégrer l’école d’infirmier dans le civil. Le voilà embarqué pour trois ans de formation intense, sans encore d’idée d’engagement militaire.
Un stage à Percy et tout bascule
C’est lors de sa troisième année d’étude qu’un stage vient de nouveau tout bouleverser : “On m’envoie à l’hôpital Percy, à Clamart, raconte Gaël. Je me dis : les militaires, c’est pas pour moi, trop de hiérarchie. Et finalement, j’ai eu une excellente surprise.”
Dès son arrivée, il est marqué par la qualité de l’accueil : “On était attendus. On nous faisait visiter, on nous expliquait tout. J’ai ressenti une vraie cohésion, un esprit d’équipe, et une ambiance bienveillante.”
Affecté en chirurgie plastique et réparatrice, il découvre la reconstruction des blessés militaires : “C’était terriblement intéressant. Les locaux étaient neufs, les équipes jeunes, soudées…” Séduit, il demande à rencontrer le directeur des soins : “On en a discuté et finalement, on m’a proposé un engagement.”
Gaël passe son diplôme un 1er décembre. Le lendemain, il signe son contrat et rejoint le Service de Santé des Armées (SSA). Il y découvre un environnement exigeant mais structuré : “ C’est une institution où l’on est accompagné, où tout est cadré sans être fermé.”
“IBODE 2G” : un métier de précision et d’anticipation
Le grade officiel de Gaël est infirmier de bloc opératoire de 2ᵉ grade, abrégé “IBODE 2G”. “Je dis souvent qu’on est un peu comme le caddie d’un joueur de golf : on sait parfaitement jouer, mais on est là pour anticiper les besoins du chirurgien et lui permettre d’aller au bout de sa chirurgie.”
Son métier lui offre l’opportunité de se former en continu. En 2020, Gaël relève un défi inattendu : la formation de parachutiste. “Je ne m’y attendais pas. Quand je me mets debout sur une chaise, j’ai le vertige,” plaisante-t-il. Mais il saute six fois pour obtenir le brevet, qui lui permet d’intégrer une unité parachutiste : “Le but, c’est de pouvoir partir avec un groupe de combat. Souvent, on est largués avec le matériel, un peu en arrière. C’est un vrai défi, mais aussi une fierté.”
Et quand il ne saute pas en parachute, trois rôles structurent le quotidien d’un IBODE :
- L’aide opératoire, face au chirurgien, “celui qui tient les écarteurs, fait l’hémostase, aide dans la chirurgie” ;
- L’instrumentiste, qui “gère le matériel sur la table opératoire” ;
- Le circulant, qui “tourne autour, fournit les dispositifs nécessaires, assure la stérilité et la sécurité du patient.”
Au bloc, tout est affaire de précision, de coordination et de calme. Et lorsqu’on passe du confort d’un hôpital comme Percy à une zone de guerre, l’adaptation est totale.
Chirurgie de guerre : quatre tentes pour sauver des vies
“Sur le terrain, c’est complètement différent”, prévient Gaël. En opération extérieure, il est parfois nécessaire d’exercer sous tente : quatre espaces (accueil des blessés, déchocage, bloc opératoire et réanimation) sont dédiés.
“On pratique ce qu’on appelle une chirurgie de sauvetage. On répare, on stabilise, on permet au blessé d’être transportable. Le deuxième temps opératoire se fera ailleurs, dans une structure plus complète.”
Il se souvient de nuits entières passées sur un blessé. “Le matin, quand tout est fini, on s’assoit dehors, on regarde l’avion qui s’envole avec le patient, et on se dit : on a sauvé une vie. C’est un sentiment qui me marque à chaque fois.” Les équipes du SSA interviennent selon un principe intangible : soigner tous les blessés, quels qu’ils soient. “On peut recevoir un blessé ennemi. Ça bouscule les valeurs, surtout quand on sait qu’il a tiré sur un camarade juste avant, admet Gaël. Mais il y a un point d’honneur là-dessus : on soigne tout le monde. C’est inscrit dans les conventions internationales.”
“Je suis passionné par ce que je fais”
Aujourd’hui, après 17 ans de carrière et six OPEX, Gaël reste animé par la même énergie. “Si c’était à refaire, je le referais. Peut-être que je passerais directement par l’école d’infirmier militaire. On est payé, logé, nourri, et la formation est gratuite.”
Il ne cache toutefois pas les contraintes que cela peut représenter: “C’est une vie prenante. Ma fille est à Nantes, ma compagne à Montélimar, moi à Paris. Mais c’est un choix, une passion.” Cette passion, Gaël ne manque d’ailleurs pas de la transmettre : sur My Job Glasses, il est ambassadeur, disponible pour échanger avec les étudiants intéressés par le SSA.
“On participe à sauver des vies, conclut-il avec humilité. Au début, je trouvais ça un peu gênant de le dire. Mais aujourd’hui, je trouve qu’il ne faut pas. On a un métier qui sort de l’ordinaire.”
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