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Connaissez-vous l’apprentissage actif ?

Doter les jeunes de compétences clés permettant de les préparer au marché du travail est une des priorités des établissements d’enseignement supérieur. Cependant, les entreprises et plus particulièrement les professionnels ont aussi leur rôle à jouer. Comment préparer les talents de demain dans une société en proie aux changements permanents ? Comment les former à des emplois encore inexistants ?

Toutes ces questions pourraient trouver écho dans la mise en œuvre de méthodes d’enseignement appropriées visant à encourager la pensée critique, la collaboration, la résolution de problèmes, etc. Néanmoins, il peut être difficile pour les enseignants de choisir la bonne approche pédagogique parmi un large éventail de stratégies existantes. Dans cet article, nous avons décidé de mettre en lumière l’approche pédagogique dite d’apprentissage actif : sa définition, ses avantages et ses inconvénients, ainsi que la manière de la mettre en œuvre avec succès dans divers contextes pédagogiques.

L’APPRENTISSAGE ACTIF : UNE APPROCHE CENTRÉE SUR L’ÉTUDIANT

Entre apprentissage « actif » et « passif », la différence peut être ambiguë. Les étudiants qui « se reposent les yeux » ou qui envoient des SMS au fond de la classe ne sont certainement pas considérés comme actif, mais est-ce que ceux qui écoutent et prennent des notes le sont suffisamment pour être considérés comme engagés dans leur apprentissage ? La réponse est plus complexe qu’elle n’en a l’air, car les étudiants ne peuvent pas se contenter d’écouter : ils doivent lire en profondeur, écrire, discuter, faire preuve de créativité en résolvant des problèmes et exécuter des tâches de réflexion de niveau supérieur telles que l’analyse, la synthèse et l’évaluation. Une excellente façon d’encourager ces pratiques est d’incorporer des méthodes d’apprentissage actif régulières et variées pour créer une structure de cours engageante.

QU’EST-CE QUE L’APPRENTISSAGE ACTIF ?

Alors, qu’est-ce que l’apprentissage actif et pourquoi est-il fondamentalement différent de l’apprentissage passif ? Dans le cas de l’apprentissage actif, les méthodes pédagogiques sont centrées sur l’apprenant plutôt que sur l’enseignant : l’accent est mis sur la stimulation des activités cognitives des étudiants en classe au lieu de les laisser simplement absorber les informations présentées. En d’autres termes, l’apprentissage actif fait référence à une approche pédagogique centrée sur l’apprenant, dans laquelle les étudiants participent ou interagissent avec le processus d’apprentissage, au lieu d’absorber passivement les informations. En outre, les enseignants jouent le rôle de facilitateurs de l’apprentissage, au lieu de distributeurs de connaissances.

Selon le Centre pour l’innovation éducative, Université du Minnesota, « l’apprentissage actif est une approche de l’enseignement dans laquelle on demande à tous les élèves de s’engager dans le processus d’apprentissage. L’apprentissage actif s’oppose aux modes d’enseignement dits traditionnels dans lesquels les étudiants sont les destinataires passifs des connaissances d’un expert. »

POURQUOI L’APPRENTISSAGE ACTIF EST-IL SI PUISSANT ?

Souvent décrit comme « l’apprentissage par le jeu », « l’apprentissage par l’activité » ou « le travail en groupe », l’apprentissage actif est une expression qui recouvre un éventail d’activités d’apprentissage qui nécessitent plus que la simple écoute. Selon Stephen Kosslyn, psychologue américain, neuroscientifique et expert de la science de l’apprentissage, les exercices d’apprentissage actif, lorsqu’ils sont mis en œuvre systématiquement, permettent aux étudiants « d’apprendre efficacement – parfois sans même essayer d’apprendre. » Des études montrent également que la mise en œuvre de techniques d’apprentissage actif peut améliorer de manière significative l’apprentissage des étudiants et leur attitude vis-à-vis de l’apprentissage. En d’autres termes, l’apprentissage actif augmente les performances, l’engagement, l’interaction et la rétention des connaissances des étudiants.

La raison pour laquelle l’apprentissage actif est si efficace est qu’il s’appuie sur les caractéristiques sous-jacentes du fonctionnement du cerveau pendant l’apprentissage. Les études montrent généralement que l’apprentissage multisensoriel – comme entendre, regarder, construire numériquement ou analogiquement – entraîne les changements physiques les plus durables dans le cerveau et améliore la rétention et le rappel de la mémoire.

Comme l’indique Claire Hoogendoorn, docteur au New York City College of Technology, dans son article The Neuroscience of Active Learning : « L’apprentissage actif encourage le cerveau à activer les réseaux cognitifs et sensoriels, ce qui aide à traiter et à stocker les nouvelles informations. Engager autant de processus sensoriels, cognitifs, émotionnels et sociaux chez les élèves augmentera leur potentiel d’apprentissage. »

En somme, l’apprentissage actif est un modèle d’apprentissage qui passe par « l’activation » des élèves en sollicitant leurs capacités et processus cognitifs, ce qui en fait des acteurs proactifs du processus d’apprentissage : plus le cerveau des élèves est activé de différentes manières, plus ils apprennent.

Cependant, il ne faut pas oublier que toute méthode – aussi efficace soit-elle en théorie – peut toujours générer des résultats indésirables en raison d’une mauvaise mise en œuvre.

QU’EST-CE QUI EMPÊCHE LES INSTRUCTEURS DE METTRE EN ŒUVRE L’APPRENTISSAGE ACTIF PLUS SOUVENT ?

La mise en œuvre d’activités d’apprentissage actif peut parfois sembler fastidieuse. La planification d’exercices d’apprentissage actif nécessite plus de travail de préparation pour les enseignants par rapport aux formats de cours traditionnels, ce qui n’est pas toujours possible en raison du leur temps disponible. De plus, les activités prennent elles-mêmes plus de temps en classe, ce qui contraint les enseignants à faire des compromis sur d’autres supports d’étude.

Ainsi, le manque de ressources, de matériel et de budget, ainsi que la taille des classes, ne sont que quelques-unes des contraintes qui rendent difficile la mise en œuvre réaliste de certaines stratégies d’apprentissage actif. De même, de nombreux professeurs ne sont peut-être tout simplement pas enclins à revoir leur programme actuel ou à réévaluer leur style d’enseignement.

Dans les environnements d’apprentissage en ligne, la mise en œuvre de l’apprentissage actif est encore plus difficile pour les instructeurs. Le plus gros problème concerne l’engagement et la rétention des étudiants qui étudient à distance. Dans une classe où les cours sont dispensés en face à face, les interactions physiques sont souvent considérés comme allant de soi. L’enseignement en ligne, en revanche, peut exiger plus d’efforts de la part des professeurs en l’absence de ces interactions physiques. Les étudiants qui désactivent leur vidéo Zoom ou qui gardent le silence pendant les échanges en ligne sont autant de scénarios fréquents dans l’enseignement en ligne.

Outre le manque d’interactivité, la surcharge technique reste un obstacle à la réussite de l’apprentissage actif. Il peut être difficile pour les enseignants et les étudiants de se familiariser avec les différentes plateformes en ligne et les outils d’enseignement. Sans parler de la connexion Internet, de l’indisponibilité des infrastructures d’apprentissage ou des différences géographiques, qui peuvent également empêcher les enseignants de mettre en œuvre efficacement leurs méthodes d’apprentissage actif.

QUELLES SONT LES STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE ACTIF LES PLUS COURANTES ?

Il existe un certain nombre d’activités et de stratégies d’apprentissage qui peuvent être utilisées pour exercer l’apprentissage actif. Elles ont en commun d’impliquer les apprenants dans l’action et la réflexion sur les choses qu’ils font.

Compte tenu de cette définition, plusieurs chercheurs ont proposé une liste de stratégies d’apprentissage actif à utiliser par les instructeurs dans les contextes d’enseignement supérieur, à savoir :

  • L’apprentissage collaboratif
  • Les activités de discussion : discussion de groupe, étude de cas et remue-méninges.
  • Les jeux de rôle
  • Les jeux impliquant la simulation de situations imaginaires
  • L’apprentissage par les problèmes
  • Les projets (individuels ou collectifs)
  • L’enseignement par les pairs
  • Les débats
  • Les courtes démonstrations suivies d’une discussion en classe, etc.

Ces activités se sont avérées efficaces pour créer des environnements d’apprentissage réussis et performants. Cependant, il est important que les enseignants s’assurent que les stratégies d’apprentissage actif choisies correspondent aux objectifs d’apprentissage du cours. N’oubliez pas que le but de l’apprentissage actif n’est pas simplement que les étudiants fassent des choses, mais qu’ils réfléchissent aussi à ce qu’ils font.

COMMENT BIEN CHOISIR SA STRATÉGIE D’APPRENTISSAGE ACTIF EN LIGNE ?

Comme listé, il existe de nombreuses alternatives aux salles de classe traditionnelles que les enseignants peuvent facilement ajouter à leur répertoire de compétences pédagogiques.

Voici quelques questions auxquelles réfléchir avant de choisir une stratégie d’apprentissage actif :

  • Quelle(s) compétence(s) mes élèves devraient-ils être en mesure de démontrer à la fin du cours en ligne ?
  • Quelle stratégie d’apprentissage actif permettra à mes élèves de mettre en pratique cette compétence ?
  • Quand mes élèves seront-ils confrontés à des idées et informations ?
  • Quand vont-ils faire le point sur ce qu’ils ont appris ?

Chacune de ces composantes d’apprentissage actif peut être réalisée avant, pendant ou après la session de cours en ligne.

Si l’introduction de nouvelles méthodes d’enseignement peut s’avérer difficile, une pléthore d’outils d’apprentissage numériques peut simplifier la vie des professeurs, par exemple en les aidant à réfléchir à leur approche pédagogique et en rendant leur enseignement plus inclusif. Il ne faut cependant pas oublier que lorsqu’ils intègrent des activités basées sur la technologie, les professeurs doivent toujours être en mesure de raconter des histoires et des anecdotes captivantes, et d’organiser des activités amusantes qu’ils ont testées et sur lesquelles ils se sont appuyés en classe et qui proviennent de leur propre expérience irremplaçable.

LES POINTS À RETENIR SUR L’APPRENTISSAGE ACTIF

L’utilisation de stratégies d’apprentissage actif ne nécessite pas l’abandon du format magistral, ni la minimisation de l’importance de la relation enseignant-étudiant. Au contraire, l’ajout de stratégies d’apprentissage actif, même mineures, peut faire une grande différence dans l’apprentissage et l’engagement des étudiants. Ces activités donnent aux jeunes le temps de vérifier leur compréhension du contenu de cours, de pratiquer une compétence ou de mettre en évidence les lacunes dans leurs connaissances.

Une excellente première étape pour les enseignants vers la mise en œuvre de stratégies d’apprentissage actif consiste à sélectionner les stratégies avec lesquelles ils se sentent à l’aise. Cependant, il est tout aussi important que les responsables de formation, les directeurs universitaires, les chercheurs en éducation et le personnel de l’enseignement supérieur en général reconnaissent la nécessité de suivre et de soutenir les efforts de changement des enseignants. Après tout, l’enseignement est, et sera toujours, un travail d’équipe.