Camaraderie, “étoiles dans les yeux” et quête de sens : dans les coulisses du recrutement de l’armée de Terre avec le Général Goujon

Une carrière de près de 30 ans dans l’armée de Terre. Des souvenirs à foison. Et une mission indispensable de recrutement. Le Général Goujon, sous-directeur du pôle recrutement-jeunesse de l’armée de Terre, est revenu sur son parcours et ses objectifs au micro de la CEO de My Job Glasses, Emilie Korchia. Un webinaire captivant. 

“Mon meilleur souvenir dans l’armée de Terre, ce sont des centaines de petits souvenirs. Des moments d’amitié et de camaraderie.” Arnaud Goujon est Général dans l’armée de Terre. Cela fait plus de 28 ans que ce fils de pilote d’hélicoptère y officie. 

 

D’après ses calculs, il y a effectué pas moins de 12 métiers différents. “J’ai été chef d’unité tactique, j’ai été prof mais aussi étudiant en Master aux États-Unis. Une carrière militaire, ce n’est pas forcément linéaire. On peut s’élever facilement quand on a envie de le faire… Et on peut aussi changer de métier.”

Chaque année, 16 000 militaires recrutés sur 117 métiers

Aujourd’hui, le Général Goujon est sous-directeur recrutement-jeunesse de la direction des ressources humaines de l’armée de Terre. Une mission complexe : chaque année, l’armée de Terre doit recruter pas moins de 16 000 militaires et quelque 5 000 réservistes. Au total, ce corps de l’armée française compte pas moins de 117 métiers, c’est-à-dire “117 réalités vécues différentes”. 

 

 

“C’est souvent quelque chose qu’on ne soupçonne pas, s’amuse-t-il. On a l’image de l’armée de Terre : tenue camouflage, casque sur la tête, fusil à la main. Alors oui ça, c’est un de nos métiers. Mais il y en a 116 autres. Et la particularité de ces métiers-là, c’est qu’en fait, vous les ferez aussi avec un casque et un fusil à la main. C’est un truc que je dis souvent à nos jeunes qui sont en Bac, en BTS. On peut monter des antennes chez SFR ou chez Orange mais on peut aussi monter des antennes ou faire de la maintenance de réseau les deux pieds dans le sable ou les deux pieds dans la neige.

 

Dans l’armée de Terre, le Général Goujon insiste : il y a un métier pour chacun. Pour tous les genres, d’abord. “Il y a à peu près 11 % de femmes dans l’armée de terre. C’est un chiffre qui est à peu près stable depuis de nombreuses années. Personnellement, j’aimerais pouvoir l’augmenter. Il y a beaucoup de femmes qui travaillent dans des métiers de pointe et qui n’ont pas forcément l’idée de venir chez nous, déplore-t-il. Ce serait bien qu’elles le fassent. C’est un effort permanent pour nous de leur montrer qu’elles ont toute leur place et qu’elles n’ont pas à s’inquiéter.”

L’armée, le dernier “escalier social” qui fonctionne ?

Ensuite, il y a une place pour tous les niveaux de diplômes. “Tous les ans, je recrute des polytechniciens et des docteurs, des personnes avec un master, un bachelor, un baccalauréat, un BEP, un CAP, et même des personnes sans diplôme. Ce qui est très particulier dans notre système, c’est qu’on offre, à un niveau de diplôme très raisonnable, de vraies responsabilités. On recrute même des cadres avec un simple bac.

 

L’armée, c’est un “escalier social” qui fonctionne, peut-être même l’un des derniers, estime notre interlocuteur. “C’est dans l’ADN de l’armée de Terre : cette exigence, cette idée que chacun est là pour progresser. Et cela va dans les deux sens : on offre à chacun la possibilité de progresser et, en retour, on demande à chacun de chercher à s’élever. On pousse les gens à passer des examens. C’est assez génial de voir des personnes arrivées parfois avec le bac, parfois même sans diplôme, que l’on retrouve 10 ou 15 ans plus tard avec des galons d’officier, à la tête d’une cinquantaine ou d’une centaine de personnes, ou encore dans des domaines extrêmement pointus.”

 

L’armée s’engage en effet à former tout au long de la carrière. Et n’hésite pas à donner des responsabilités à de très jeunes recrues. “J’ai des bacheliers qui entrent en école de sous-officiers à 18-19 ans et qui, deux ans plus tard, à 21 ans, sont chefs de groupe dans l’infanterie, responsables d’un site de transmission ou d’un groupe de travaux du génie. J’ai aussi des jeunes qui, à 22-23 ans, après deux années de formation d’officier avec un simple bac, sont affectés sur un poste d’officier. C’est peu commun. Devenir cadre à 22-23 ans est même unique. Et surtout, être en position de management à cet âge-là est exceptionnel.”

Quand le diplôme ne fait pas tout

Ce qui est frappant, c’est que contrairement à bon nombre d’entreprises dans le civil, dans l’armée de Terre, le diplôme ne fait vraisemblablement pas tout. Chaque année, le Général Goujon refuse ainsi des ingénieurs et recrute plutôt deux ou trois bacheliers. 

 

“Pourquoi ? Parce que devenir pilote d’hélicoptère de combat, voler à 180 km/h à 2 mètres du sol, cela demande des aptitudes très spécifiques. Chaque année, je recrute des pilotes avec un baccalauréat ou une licence, tout en laissant sur le carreau certains titulaires de diplômes d’ingénieur. Parce que ce n’est pas forcément lié.”

 

Selon Arnaud Goujon, c’est donc la personnalité qui prime. Elle sera d’ailleurs inspectée “sous toutes les coutures”. La capacité d’évolution, de progression, aussi. Cette personne ferait-elle un bon leader ? Pourra-t-elle diriger des équipes ? 

L’armée de Terre, “une vie qui bouge, une vie d'aventure”

“On fait un métier qui présente des contraintes réelles. Il faut aussi y avoir réfléchi”, ajoute le Général. Quand on entre dans l’armée de Terre, l’équilibre vie pro et vie perso n’est pas forcément évident. “C’est un sujet compliqué, et c’est pour ça que notre métier n’est pas un métier pour tout le monde et que c’est un choix de vie. Le métier militaire est un métier avec des contraintes qui sont importantes, notamment une contrainte de mobilité. Quand on est cadre, officier, en particulier, il y a toujours un moment où on bouge.” 

 

Ce ne sont pas non plus des horaires de bureau. “Je peux témoigner du fait que ce n’est pas toujours facile. En 30 ans, il y a eu quelques moments un peu compliqués à gérer en termes de logistique familiale, de vie familiale. C’est une réalité.” 

Mais pour le Général Goujon, c’est justement ce qui fait le charme du métier. Son imprévisibilité, sa promesse d’aventure. Ne pas savoir de quoi demain sera fait. 

 

Notamment lors des “opérations extérieures”, dites OPEX. “L’OPEX, c’est notre finalité, notre exigence. Partir en opération, c’est le travail de l’armée de Terre. On part en opération régulièrement. Dans ma carrière, je ne vais pas toutes vous les citer, mais j’en ai fait plusieurs : j’ai été dans les Balkans, au Levant, en Afrique… J’ai parcouru le monde. L’OPEX, c’est le moment où l’on concrétise tout ce pour quoi on s’est préparé. Les étoiles dans les yeux viennent du fait que : ça y est, c’est pour de vrai. Ce sont aussi des moments qui peuvent être difficiles, voire extrêmes. C’est ce qui répond à notre soif d’aventure. La raison pour laquelle on aime ce métier, c’est qu’il répond à une attente extrêmement profonde : une vie qui bouge, une vie d’aventure.”

 

Pour Arnaud Goujon, ce sont ces OPEX, partout dans le monde, dans des situations géopolitiques parfois complexes, qui ont rythmé sa carrière. ”Ce sont des jalons qui m’ont amené à me questionner à chaque retour : est-ce que c’était bien ? Est-ce que je continue ? Et, chaque fois, le constat a été le même : oui, c’était bien, même si c’était dur. C’est pour cela que j’étais venu. Cette cohérence entre ce que l’on cherche et ce que l’on trouve, c’est l’une des choses les plus importantes. C’est ce qui fait rester.”

“Ce qui nous tire vers le haut, c’est cette question du sens du métier”

Alors que le monde du travail est bouleversé, que les jeunes générations (notamment Y et Z) cherchent des métiers à impact, l’armée de Terre propose justement des missions qui ont du sens, poursuit-il. “Le point clé de notre métier, c’est que nous faisons face à la chose la plus grave : notre finalité, c’est la guerre, juge-t-il. Le risque, nous savons le gérer, nous apprenons à vivre avec, cela fait partie intégrante de notre formation. Mais ce qui nous tire vers le haut et nous pousse vers l’avant, c’est justement cette question du sens du métier. J’en parle souvent : nous incarnons quelque chose de fort pour la jeune génération, et nous répondons à de nombreuses interrogations. Cependant, nous incarnons aussi quelque chose de très fort qui peut faire hésiter. Ce métier a du sens, il attire, mais il peut également susciter des doutes.”

 

C’est pour cela que l’armée de Terre propose justement divers moyens de se renseigner sur ses métiers. La réserve ne cesse, par exemple, de se développer : il y a déjà 25 000 réservistes dans l’armée de terre. Un nombre impressionnant qui devrait atteindre les 50 000 d’ici la fin de la décennie. Des stages de seconde (5000 places en 2025) ainsi que des périodes militaires d’une ou deux semaines sont également accessibles dès 16 ans (entre 8 000 et 10 000 places par an), afin que les plus jeunes puissent découvrir l’armée au sein d’une unité. “C’est un stage encadré, qui se déroule essentiellement sur le terrain : vie en campagne, sac de couchage, tente sous les étoiles… Cela permet de se confronter à la réalité du métier, de découvrir un régiment de l’intérieur, de voir comment tout fonctionne et comment nous interagissons entre nous. Cela contribue aussi à démystifier beaucoup de choses.” 

 

 

Il n’est finalement jamais trop tôt pour découvrir cet environnement de travail unique. “J’en parlais tout à l’heure : cet esprit de cohésion, cette famille soudée, c’est l’un des grands marqueurs de l’armée de Terre. Ici, il y a une place pour chacun, une responsabilité pour chacun, quel que soit son niveau. Chacun trouve sa place autour de la table familiale, car c’est aussi ça, l’armée : une fraternité où chaque membre compte.

Et maintenant ?

Le parcours du Général Goujon vous inspire ? Vous souhaitez en savoir plus sur l’un des 117 métiers proposés par l’armée de Terre ? Contactez des ambassadeurs My Job Glasses et posez-leur toutes leurs questions. Vous n’êtes plus qu’à quelques clics de découvrir l’univers fascinant de l’armée de Terre ! 

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