
Journaliste depuis 15 ans, César Armand est actuellement rédacteur Villes et territoires en transition (VTT) et coordinateur régions au sein du journal La Tribune. Ambassadeur My Job Glasses depuis 2019, il a également réalisé plus de 120 rendez-vous afin d’aider jeunes – et moins jeunes – à s’orienter vers une voie à la réputation difficile. À l’occasion d’une interview téléphonique, ce professionnel de l’actualité a accepté de retracer son parcours et de donner quelques conseils aux aspirants journalistes.
Bonjour César. Vous êtes journaliste à La Tribune. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre poste ?
César Armand : Depuis sept ans, je suis rattaché au pôle transition écologique de La Tribune, aux côtés de journalistes énergie et climat. Ma mission : couvrir toute la “fabrique” de la ville : immobilier, logement, BTP, logistique, transport urbain.
Je viens de la presse politique : de 2013 à 2018, j’étais journaliste parlementaire, du temps du cumul des mandats, ce qui me donne une autre casquette, celle des collectivités et du Grand Paris particulièrement. Je coordonne également l’offre éditoriale de nos bureaux et correspondants en région en binôme avec le rédac’chef bordelais.
““Il faut rappeler que la chance, ça se provoque”
Le journalisme, c’est une vocation ?
C. A. : Non, pas vraiment. À l’origine, je voulais être scénographe, ce qui n’a à peu près rien à voir. Je voulais travailler avec des metteurs en scène et des acteurs, pour m’occuper de la disposition de l’espace scénique.
Et puis j’ai passé un diplôme d’histoire et de sciences politiques. J’ai ensuite hésité entre journalisme et communication. J’ai fait un premier stage en rédaction qui ne m’a pas convaincu, ainsi qu’un stage en communication interne d’une entreprise. Je suis aussi passé par de l’achat d’espace publicitaire. Ce qui me permettait toujours d’être en lien avec les journaux.
Il se trouve qu’en master 1, j’ai pu mettre en parenthèse mes études pour faire un stage pour le site Internet de Public Sénat. Au bout d’une semaine, le rédacteur en chef Mickael Szames, qui est devenu un ami, m’a dit que j’étais fait pour ce métier. Ça m’a convaincu de passer le concours de l’Institut Pratique de Journalisme (IPJ), que j’ai obtenu.
Aujourd’hui, je suis loin d’être frustré. Tout à l’heure, je vais monter sur scène pour animer une table ronde, puis écrire un papier sur les zones commerciales dans les villes moyennes qui se cherchent un avenir. Et je ne suis pas à l’abri qu’un collègue m’appelle pour un sujet transversal, pour écrire à quatre mains ensemble. Mes personnages ne sont pas de fiction, ils sont bien réels, et c’est moi qui les mets en scène !
Le secteur du journalisme est réputé comme étant difficile d’accès, voire même carrément bouché. Vous n’avez pas eu de mal à trouver du travail pourtant !
C. A. : J’ai eu beaucoup de chance, oui, mais il faut rappeler que la chance, ça se provoque. Le dernier jour de mon stage de fin d’études, je suis allé voir une collectivité locale – l’intercommunalité Plaine Commune – qui venait de cartographier son territoire avec une entreprise privée. J’avais rendez-vous avec les deux, l’entreprise et l’élu.
Sur le quai du métro, au retour, le directeur communication de l’entreprise privée me dit : moi aussi j’étais journaliste. Et il me dit qu’il a été interviewé par un journal, qui s’appelle La Documentation Parlementaire. Il me donne le contact d’une personne là-bas, je la rencontre, elle m’indique qu’ils ont actuellement quatre journalistes pigistes, payés à la mission.
Je lui dis que ça leur coûtera moins cher de me prendre à temps plein. Ça a marché : j’ai signé un CDI dès ma sortie d’école la veille de mes 24 ans. Ce n’était pas payé des mille et des cents, mais ça m’a laissé le temps de faire des choses à côté. Je faisais des piges à droite à gauche, j’ai aussi écrit des livres sur les secrétaires généraux de l’Elysée et Pompidou.
Et un mois avant la naissance de mon premier enfant – j’en ai trois, maintenant – je pigeais aussi pour La Tribune. Ils voulaient m’en donner encore plus, alors je leur ai dit de plutôt me débaucher. C’est comme ça que j’ai rejoint le journal en mars 2018.
““Journaliste, c’est un métier qui fait beaucoup rêver, mais qui ne donne pas ses codes d’accès”
Que conseillez-vous aux jeunes qui vous contactent et qui aimeraient se lancer dans ce secteur ?
C. A. : Écrire, écrire, publier, publier, réseauter, réseauter. Maintenant avec LinkedIn, on peut être son propre journaliste ! Il faut aussi être polyvalent : faire de la vidéo, de l’image, du son. Je leur explique qu’il faut saisir les bonnes opportunités au bon moment. Réseauter dès 18 ans, car le carnet d’adresses est primordial.
Ce sont les “3 C” , comme disait mon oncle, éditeur de presse : curiosité, contact, culture générale. Et puis il faut toujours contextualiser, expliquer. N’importe quel clampin devant un micro peut décrire une manifestation, mais ce n’est pas du journalisme.
Journaliste, c’est un métier qui fait beaucoup rêver, mais qui ne donne pas ses codes d’accès. Cela a toujours été difficile, ce n’est pas nouveau. En 2010, je me souviens qu’avant de passer les concours j’étais allé sur un salon pro. Il y avait Edwy Plenel, et Bruno Roger-Petit, qui était encore éditorialiste chez Challenges. Bruno m’avait dit : Laisse tomber, le métier est mort.
Par la suite, j’avais rencontré Nicolas Domenach et Maurice Szafran qui venaient de sortir un énième livre sur Nicolas Sarkozy, encore président à l’époque. Ils m’avaient dit : Il faut être comme un gentleman cambrioleur. On doit approcher les sources au plus près pour leur extraire l’information.
Mon conseil, c’est donc de s’accrocher !
“My Job Glasses, ça me questionne aussi sur mes propres pratiques, c’est intéressant”
Vous avez réalisé 129 rendez-vous avec nos membres depuis 2019. Comment expliquez-vous votre activité sur notre plateforme ?
C. A. : J’ai la chance d’avoir des gens qui m’ont tendu la main aux différentes étapes de mon parcours. Ça m’a toujours intéressé de transmettre ma passion du métier. De donner des informations que je n’ai pas pu obtenir il y a quinze ans.
J’ai toujours eu une vie associative bien remplie, et My Job Glasses c’est une nouvelle forme d’engagement. My Job Glasses, ça me questionne aussi sur mes propres pratiques, ça permet de faire le point, c’est intéressant.
Les jeunes doivent énormément vous parler de l’impact de l’Intelligence Artificielle sur votre métier, non ?
C. A. : Tout le temps. On me demande si ça va tuer le métier. Moi, je pense que ça va le renforcer. L’IA c’est un outil : moi je m’en sers par exemple pour retranscrire mes interviews.
Pour moi, l’IA, c’est quelque chose qui mouline des informations passées, alors que nous, on est sur de l’actu chaude. Hier encore, j’ai demandé à ChatGPT une information sur La Tribune et il s’est trompé de propriétaire.
L’IA, ça peut vite créer du fake. C’est là que notre métier est primordial, pour démêler le vrai du faux.
“Elle avait simplement écouté mes conseils. Et écrit aux bonnes personnes” "
Sur les 129 rencontres que vous avez effectuées, y en a-t-il une qui vous a particulièrement marqué ?
C. A. : Il y avait une étudiante, Flavie, qui voulait absolument faire la rencontre en visio, alors que généralement je préfère faire ça par téléphone. Un an plus tard, me voilà aux Rencontres des Entrepreneurs de France du Medef et j’entends : César ! César !
C’était Flavie. Elle me dit : Depuis hier, je suis stagiaire chez vous, à La Tribune. Elle ne m’avait rien demandé, mais elle avait simplement écouté mes conseils. Et écrit aux bonnes personnes.
Et maintenant ?
Le parcours de César vous intéresse ? Le journalisme vous intéresse ? Parlez à l’un de nos ambassadeurs du secteur et posez-lui toutes vos questions. Vous n’êtes peut-être qu’à quelques clics d’une carrière médiatique !