À l’occasion d’un webinaire animé par la CEO de My Job Glasses Emilie Korchia, le lieutenant Étienne, 27 ans, est revenu sur son commandement d’une unité de reconnaissance et de combat blindé équipée du Jaguar, un véhicule de dernière génération de l’armée de Terre. Découvrez 7 faits marquants de son parcours hors du commun.
1. Une vocation militaire dès le plus jeune âge
Ce n’est pas par hasard si Etienne entre dans l’armée en septembre 2020. Pour lui, cette vocation était une évidence. “Depuis tout petit, je baigne un peu dans ce milieu militaire. Parce que mon papa était militaire, mon grand-père était militaire. Je ne les ai pas connus en service mais j’ai quand même grandi dans ce milieu-là.” Il décide donc de s’orienter dès le collège dans un lycée militaire situé dans la Sarthe, le Prytanée national militaire de La Flèche.
Passionné d’histoire, il poursuit toutefois ses études supérieures dans le civil avant de définitivement intégrer l’armée de Terre. “J’ai fait une licence d’histoire. Et après ces trois ans d’histoire, j’ai fait une année de Master de relations internationales et une année de master de Défense, sécurité et gestion de crise à l’IRIS Sup. Durant ces deux années de master, j’ai eu la chance d’être en alternance, d’abord dans un ministère, dans un service de l’état-major des armées, puis enfin chez un industriel de défense.”
2. Il choisit l’armée pour donner du sens à sa carrière
“À la fin de mes études, je voulais donner du sens. Je voulais faire ce qui me plaisait surtout, je ne voulais surtout pas faire ce qui ne me plaisait pas. Pour ça, j’ai choisi le monde militaire. Ce que j’aimais, c’était finalement (…) que mes journées ne se ressemblent pas. Je ne l’ai jamais regretté.”
Étienne pousse donc la porte d’un CIRFA, un centre de recrutement de l’armée, pour s’engager en tant qu’officier sous contrat. “Quand on s’engage en tant qu’officier sous contrat, on s’engage au titre d’une arme. (…) Moi, j’ai choisi l’arme blindée cavalerie. Une fois qu’on est admis, on fait une année à Coëtquidan, au sein de l’EMAC, donc l’École Militaire des Aspirants de Coëtquidan.”
L’année se divise ensuite “en deux”. “Pendant une première partie, on va faire comme des classes, donc on va apprendre à être un soldat. On va apprendre à obéir. On va faire notre lit, on va balayer, on va faire comme tous les militaires du rang. (…) Pendant la deuxième phase, là, on va vraiment apprendre à être officier, donc vraiment à commander une vingtaine ou une trentaine de personnes selon les armes.”
Parmi les trois spécialités présentes au sein même de la cavalerie (cavalerie lourde, reconnaissance blindée et Reconnaissance – Intervention – Missile), Etienne choisit la reconnaissance blindée.
3. Son moment le plus challengeant ? Former une quarantaine de jeunes à devenir soldats
Il y a quelques années, Etienne est choisi pour initier les recrues à tous les aspects de la vie militaire : règles de vie en collectivité, esprit d’entraide, maniement des armes, techniques de combat, survie, sport intensif, mais aussi valeurs, histoire et culture des armées. C’est un apprentissage global, à la fois physique, moral et intellectuel.
“Ça a été ce qu’on appelle une formation générale initiale, ou ‘les classes’ pour ceux qui s’y connaissent un petit peu. J’ai dû former une quarantaine de jeunes au métier de soldat. Ils sont arrivés, ils étaient tous civils. Pendant 3 mois, on a fait une formation pour qu’ils deviennent soldats. Trois mois d’une formation plus générale et 3 mois de spécialité. Au bout de 6 mois, c’était devenu de vrais soldats. Ce qui a été très challengeant, c’est de les voir évoluer et de les voir se transformer de jeunes civils en jeunes militaires performants, avec toujours cette même envie au bout des 6 mois. Et ça, c’était… c’était très, très beau.”
4. L’un de ses plus beaux souvenirs ? Une OPEX en Côte d’Ivoire
En 2023, à seulement 25 ans, Etienne part en mission de courte durée pendant deux semaines dans une forêt au nord d’Abidjan, en Côte d’Ivoire. Il s’y trouve alors en totale autonomie.
“J’en garde un très bon souvenir. J’étais à la tête des Français tandis que les Ivoiriens étaient là pour m’aider. J’avais un homologue, un lieutenant ivoirien à qui je parle encore aujourd’hui. On est toujours très amis. J’étais à la tête de tout ce petit détachement. C’était une grande première pour moi et c’est une première qui s’est très bien déroulée.”
Ces missions ont, selon lui, un double intérêt. “D’abord, c’est ce qu’on appelle du prédéploiement. En gros, la France maintient des soldats dans certaines zones stratégiques, au cas où la région serait déstabilisée. En Côte d’Ivoire, ça n’existe plus, car les Ivoiriens ont mis fin aux traités, ce qui était leur droit. En revanche, ce type de mission existe toujours à Djibouti, par exemple. Le deuxième objectif, c’est la coopération. Là, on travaille avec l’armée locale : on leur montre comment on fonctionne, on leur explique nos méthodes, on les fait travailler selon notre manière de faire, et en retour, on apprend aussi de leur façon de faire. L’idée, c’est de les faire évoluer avec nous. C’est exactement ce que j’ai fait en Côte d’Ivoire.”
5. Le lieutenant Etienne commande plus de 20 soldats et les aide au quotidien
Au-delà des missions à l’étranger et de la conduite de mission sur le terrain, la deuxième partie du métier du lieutenant Etienne comprend toute la gestion RH de son peloton.
“En fait, je suis le garant de la carrière de mes militaires. (…) Il y a des jeunes qui s’engagent et qui viennent de plein d’endroits différents, et qui ont tous eu des vies avant. Il y en a qui ont des vies qui étaient un peu moins cadrées que d’autres.”
Etienne doit alors les aider très concrètement. “Je me suis retrouvé à la banque un jour pour ouvrir des comptes bancaires avec mes gars. Ils venaient de Wallis-et-Futuna ou de Nouvelle-Calédonie, et ils n’avaient pas de compte bancaire, ils n’avaient pas de carte Vitale, ils n’avaient pas de mutuelle, ils n’avaient même pas trop de téléphone, je crois. Je les ai accompagnés. On leur a expliqué comment faire, on les a accompagnés à la banque, on les a inscrits à l’assurance maladie.”
Des cas exceptionnels. Mais chaque jour, le lieutenant Etienne peut se retrouver à s’impliquer personnellement dans la vie de ses soldats. “Il y en a qui viennent me voir parce qu’il faut qu’ils achètent une maison, ils ne savent pas comment faire, ou alors ils ont des doutes sur la façon de le faire. Ils viennent nous voir, ils viennent prendre conseil, ou ils viennent nous demander des tas de choses qui n’ont pas tant à voir avec l’armée. On se doit de les aider, parce qu’un soldat qui a un souci, il va être hyper préoccupé par ça, et il sera peut-être un peu moins bon dans sa mission. Et moi, mon rôle, avec mes sous-officiers aussi, c’est de les encadrer.”
6. Un chef de peloton Jaguar ne pilote pas lui-même ce véhicule
Le titre d’Etienne est, comme vous l’aurez compris, chef de peloton Jaguar, le Jaguar étant un engin Blindé de Reconnaissance et de Combat de dernière génération de l’armée française. Agile, puissant et ultra-connecté, ce 6×6 est conçu pour s’imposer sur les terrains les plus exigeants, qu’il s’agisse de zones urbaines ou montagneuses.
S’il a déjà passé un stage de conduite d’urgence du véhicule, ce n’est pas lui qui est aux commandes de l’engin habituellement. “Si le pilote a un problème, moi, je dois être en capacité de prendre sa place et de le sortir. Par contre, c’est une chose de savoir le faire et une autre d’être pilote. Parce qu’en fait, le pilote, il ne s’assoit pas juste dans son siège et il conduit toute la journée. Le pilote, c’est le premier arrivé et le dernier parti sur la machine. (…) C’est vraiment le garant du bon fonctionnement.”
7. Peu importe d’où l’on vient, l’armée vous fait évoluer
Pour le lieutenant Etienne, c’est certain : l’armée de Terre est un ascenseur social extrêmement efficace. Et ce, peu importe le passé de ceux qui s’y engagent. “Peu importe qui vous êtes, d’où vous venez ou ce que vous avez fait avant, tant que vous êtes prêt à vous engager. Que vous ayez des doutes ou pas, que vous ayez un parcours scolaire compliqué, ou même si vous avez eu quelques ennuis… ce n’est pas ça qui compte. Ce qui compte, c’est la motivation, le respect, la volonté de se donner les moyens. Et si on les a, alors l’armée peut faire évoluer n’importe qui.”
Certains reviennent même de loin, insiste Etienne. “J’ai vu des jeunes de 16-17 ans, qui ne parlaient plus à leurs parents, qui sortaient de foyers sociaux, qui en avaient marre de ne rien faire… et qui se sont dit : C’est ma dernière chance, je vais tout donner. Et ils y sont arrivés. Aujourd’hui, ces jeunes ont un salaire, une maison, des camarades, parfois même une famille. L’armée récompense toujours celui qui fait preuve de sérieux et de persévérance, peu importe son passé.”
Et maintenant ?
Le parcours d’Etienne vous intéresse ? Vous aimeriez en savoir plus sur la variété de métiers qui composent l’armée de Terre ? Contactez l’un de leurs ambassadeurs sur My Job Glasses et obtenez toutes les réponses à vos questions !