
À 28 ans, le Capitaine Nathan a déjà une expérience de plus de huit ans au sein de l’armée de Terre. D’abord chef de peloton de transport au sein de l’arme du Train, il est désormais chef de section élèves à l’École Nationale des Sous-officiers d’Active. Deux expériences bien différentes, mais aussi passionnantes l’une que l’autre. À l’occasion d’un webinaire animé par la CEO de My Job Glasses Emilie Korchia, Nathan en a dit plus sur son parcours, ses missions et ses plus gros challenges.
Quand il intègre l’arme du Train, qui organise et coordonne la logistique militaire de l’armée de Terre française, Nathan a seulement 22 ans. C’était en 2019.
Immédiatement, il a entre 30 et 40 personnes sous ses ordres. “Heureusement, je ne suis pas tout seul. J’ai eu énormément de chance en arrivant dans mon escadron, se remémore-t-il. J’ai eu la chance d’être accueilli par des gens extrêmement bienveillants, des chefs qui m’ont bien accompagné. J’ai eu affaire à plein de gens qui m’ont bien expliqué le fonctionnement de l’escadron, et j’ai eu aussi la chance d’avoir, à chaque fois, des adjoints formidables.”
“Et là, c’est le début du virus”
Il faut dire aussi que Nathan a été bien formé. D’abord pendant trois années au lycée militaire d’Autun, puis à Saint-Cyr. “L’armée, ça m’a toujours intéressé. (…) Quand je suis arrivé au lycée militaire, c’était dans l’optique de faire pilote. Je me suis dit : c’est formidable, je vais pouvoir apprendre, me préparer, tout en faisant un premier passage à l’armée. Et là, c’est le début du virus.”
Nathan apprend vite. Son ambition de devenir pilote se transforme au fur et à mesure. “J’ai pu découvrir plein de choses, m’intéresser à plein de choses. Ce qui fait que, petit à petit, devenir pilote, c’est passé en arrière-plan. J’ai fini par passer les concours de toutes les armées : l’armée de l’Air, la Marine et la Terre.”
Il rate le concours la première fois, mais ne se décourage pas et “cube”. “J’ai été admissible à l’École de l’air, à l’École navale, mais c’est Saint-Cyr que j’ai choisi.”
C’est à Saint-Cyr que Nathan découvre l’arme du Train et comprend que c’est sa vocation. Pendant sa première année passée dans la prestigieuse école, il apprend le métier de chef d’équipe, puis de chef de groupe, avant de repasser à l’enseignement théorique. “Moi, c’est le diplôme d’ingénieur que je fais à ce moment-là.” Au bout de trois ans, Nathan se spécialise en électronique du champ de bataille, et conclut son cursus avec un stage en Italie.
“Ensuite, je pars à l’École du train et de la logistique opérationnelle à Bourges pendant un an pour me spécialiser, poursuit Nathan. On apprend vraiment tous les métiers de l’arme du Train, et on apprend déjà comment on organise un réseau routier de manœuvre. Parce qu’en fait, on part du principe qu’on n’aura pas forcément de carte, on n’aura certainement pas le GPS, et on n’aura pas de matériel pour tout le monde. C’est tout bête, mais on ne peut pas se permettre d’imprimer une carte par soldat, et on ne peut pas avoir une carte par camion.”
Le 515e Régiment du Train ? “Le meilleur régiment”
L’arme du train est là pour éviter les soucis logistiques, les colonnes militaires à l’arrêt, faute de carburant, par exemple. Il s’agit de faire en sorte que le réseau routier fonctionne bien. “Et ensuite, on apprend les spécificités du transport, les spécificités de l’appui à la mobilité des blindés. On a des chars, mais il faut les transporter : ils ne vont pas aller par la route jusqu’à la zone de combat. Ce serait beaucoup trop consommateur en carburant, et ça userait la mécanique pour rien.”
Il rejoint donc le 515e Régiment du Train, à Braconne, à côté d’Angoulême. “C’est le régiment que je voulais, donc j’en étais très très heureux. Si je dis que c’est le meilleur, je vais me faire taper sur les doigts…(…) Mais pour moi, ce qui était très intéressant avec le 515e Régiment du Train, c’est qu’on avait énormément d’infrastructures. On est peut-être le régiment le mieux doté.”
Au quotidien, Nathan répartit les différents moyens selon les missions : par exemple, il décide qu’un camion sera plus adapté pour partir sur telle mission. Il choisit aussi l’équipage le plus adapté. “Chaque semaine, on a une réunion : on se fait comme un gros jeu de société, un casse-tête, où on va faire rentrer chaque mission avec son camion, avec son équipage et les bonnes formations qui vont bien.”
Si la logistique est indispensable, l’aspect humain est, lui aussi, crucial : “On ne peut pas les commander correctement si on ne gère pas bien l’aspect Ressources Humaines. Et si on fait des erreurs, ce sont nos soldats qui en pâtissent. On nous explique bien les enjeux : si on se rate, c’est quand même la carrière de nos subordonnés qu’on peut ralentir, voire compromettre. (…). On n’est pas là pour les commander que pendant les heures de service, on est vraiment là pour eux pendant 3 ans. Ils sont là pour nous, on est là pour eux, et il faut que ça marche. On doit être disponibles pour eux et les accompagner.”
“On bouge, on bouge, on bouge”
Après une mission Sentinelle – une opération militaire de lutte contre le terrorisme – qui lui apprend beaucoup le style de commandement attendu, Nathan se rend au Niger, au Tchad, puis en Roumanie.
“On bouge, on bouge, on bouge. J’ai eu la chance de partir (en Roumanie) avec tous mes hommes juste avant de quitter ma place au régiment. On se prépare pendant des semaines et des mois, on prépare notre peloton tout au long de notre temps de commandement — donc quand même 2-3 ans — et là, c’est la finalité. On part faire notre métier, et ça, c’est vraiment exaltant.”
En Roumanie, Nathan a beaucoup de logistique à gérer. “J’ai vraiment pu faire mon job de logisticien. (…) Moi, avec mon peloton de transport mixte, j’ai à ma charge : les citernes de carburant, les moyens de manutention, les chariots élévateurs. J’ai 18 camions avec leur remorque. (…) On fait tout ce qui est transport de vivres, de munitions, d’armes, les sacs des soldats quand ils arrivent de l’avion — on transporte tout ce qui se transporte. »
Lors de cette mission, Nathan prend conscience de l’ampleur de sa responsabilité. “J’ai des chefs, bien sûr, je ne suis pas tout seul. Mais quand je regarde à gauche, quand je regarde à droite, il n’y a personne d’autre pour faire mon métier. Donc il ne faut pas se louper. Et on a un niveau de responsabilité qui est gigantesque.”
Autonomie, rigueur et fierté : trois qualités indispensables à l’arme du Train
C’est sans aucun doute pour cela que la rigueur est de mise quand on souhaite rejoindre l’un des régiments de l’arme du Train : “Il faut être autonome. Il faut être rigoureux. Nos camions peuvent faire plus de 32 tonnes, et même bien plus. En Roumanie, on avait des ensembles qui effleuraient les 100 tonnes. Alors, si vous n’êtes pas rigoureux, si vous n’êtes pas consciencieux au volant d’une machine qui va à 70-80 km/h, qui transporte un char Leclerc… Vous mettez en danger tout le monde sur la route. Donc il faut des gens consciencieux, investis, passionnés. Un bon logisticien, c’est quelqu’un qui aime ce qu’il fait, qui en est fier.”
Depuis l’été dernier, Nathan a complètement quitté le monde de la logistique. “Je suis chef de section élèves à l’École Nationale des Sous-officiers d’Active. Maintenant, mon métier, c’est de former les sous-officiers de demain. Encore une fois, pas tout seul. Dans l’armée, on est quasiment jamais tout seul.”
L’armée de Terre, un “escalier social”
À ses côtés, un formateur et un adjoint, donc deux sous-officiers, deux sergents-chefs. Face à eux, 30 jeunes – ou moins jeunes -, certains civils, qui seront sergents dans 6 mois. “Ils auront la responsabilité de 6 à 7 soldats, donc d’un groupe de combat. On les entraîne à ça. On a des cellules spécialisées qui vont nous aider pour tout ce qui est savoir-faire technique, mais nous, on est vraiment les référents. Avec mon adjoint et mon formateur, on les accompagne du début à la fin.”
Tous trois leur enseignent les grades, la marche au pas, le fonctionnement des armes, “On leur apprend tout. On a vraiment un aspect pédagogique qui est super important, et qu’on inculque à nos stagiaires. L’objectif : qu’ils acquièrent les savoir-faire, mais surtout qu’ils sachent les retransmettre. Parce que c’est eux, le relais en régiment.”
Une opportunité que Nathan savoure, et qui, selon lui, témoigne de l’étendue des carrières possibles au sein de l’armée de Terre. “Quel que soit le moyen par lequel on rentre, on peut avoir de vraies opportunités de progresser dans l’institution. C’est l’escalier social dont on parle : ce sont des personnes qui étaient militaires du rang, mais qui vont devenir chefs, et continuer leur progression. Et ça, ce n’est pas forcément quelque chose qu’on retrouve ailleurs que dans les armées. C’est peut-être une des plus belles choses qu’on a dans notre armée : n’importe qui peut avoir sa chance. Il n’y a pas de limite.”
Et maintenant ?
Vous êtes intéressés par l’arme du Train et toute la variété de métiers disponibles dans l’armée de Terre ? Le parcours de Nathan vous donne envie d’en savoir plus ?
Contactez l’un de nos ambassadeurs et posez-leur toutes vos questions. Ils tâcheront d’y répondre en toute bienveillance !