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Sens de l’engagement et combats aériens : rencontre avec le Capitaine Malaury, pilote d’hélicoptère Tigre et chef de bord au sein de l’armée de Terre

Il se qualifie lui-même d’“aérocombattant” : le capitaine Malaury, 35 ans, est pilote d’hélicoptère d’attaque et de combat. D’abord aux commandes d’un Gazelle, puis d’un Tigre, il est aujourd’hui chef de bord, c’est-à-dire qu’il gère les communications et la navigation de ces aéronefs. Le temps d’un webinaire animé par la CEO de My Job Glasses, Emilie Korchia, Malaury a accepté de dévoiler les coulisses d’un métier prenant, passionnant et surtout à très fortes responsabilités.

Malaury est entré dans l’armée lorsqu’il avait seulement 22 ans. “Je ne connaissais pas du tout cet environnement, se souvient-il. Je n’ai pas de famille militaire. Mon père a juste fait son service. Il nous a raconté quelques souvenirs qui sont restés.

“Le rêve était de pouvoir voler”

Malgré tout, Malaury a toujours été attiré par ce milieu. Par le fait de pouvoir servir son pays. “Le rêve était de pouvoir voler. Mais j’ai toujours pensé que c’était impossible, que c’était inaccessible. C’était un milieu que je ne connaissais pas, et donc un peu opaque.”

 

Malaury passe un bac scientifique et décide d’attendre avant de se lancer dans le grand bain de l’armée. “Je me suis dit : il faut que je peaufine mon profil, il faut que j’en apprenne plus. Je n’ai pas la culture aéronautique nécessaire.” Sur les “bons conseils” de ses parents, il part donc effectuer des études supérieures dans le civil, une licence de droit, “un plan B au cas où ça ne passe pas”. 

 

Dès la deuxième année de licence, Malaury passe aux choses sérieuses “J’avais vraiment les yeux rivés sur le projet. Je m’étais fait un petit programme sportif, mathématiques, anglais, qui est la langue de l’aéronautique. Il me tardait de terminer pour tenter ma chance.”

Avant de pousser la porte d’un CIRFA, il n’avait jamais volé

Au moment où il pousse la porte d’un CIRFA (un centre de recrutement de l’armée), Malaury est bien préparé. Toutefois, il n’a jamais volé en hélicoptère auparavant. Pas de quoi le décourager, bien au contraire : le jour des évaluations, il est le seul sélectionné sur 10 candidats.

 

“Grosso modo, c’est 35 OSCP par an, donc Officiers Sous Contrat Pilote, détaille-t-il. C’est vrai que c’est peu. (…)  À l’issue de la première journée, on était tous réuni. Le pilote recruteur rentre, commence à appeler une personne, puis une deuxième, une troisième, quatrième, cinquième… et je me dis : Je suis vraiment très mauvais.  Et puis, en fait, tout le monde sort, et le recruteur me dit : « Félicitations, on se revoit demain.” 

 

Pour Malaury, la surprise est immense. Ainsi que le sens des responsabilités. “Je me suis dit : C’est ma chance. Si j’ai passé cette première journée et que tout le monde, malheureusement, a échoué, c’est que c’est pour moi. Je dois y arriver. J’étais galvanisé, très, très motivé.”

 

La deuxième journée d’évaluation se passe sans encombre. Malaury peut intégrer une formation militaire – l’école militaire des aspirants de Coëtquidan – avant de partir dans le Sud-Ouest, à Dax pour rejoindre L’Ecole de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre, “la maison mère de tous les pilotes d’hélicoptère des armées”. La formation dure un an et demi avec quatre mois de théorie pure. 

 

“Là, ça y est, on va apprendre à piloter aux commandes. C’est très progressif. D’abord une phase de mise en route, de décollage, de tour de piste, d’approche. (On apprend à se) poser dans un terrain en campagne, à voler de nuit sans et avec système de vision nocturne, d’intensification de lumière, (…)  pour pouvoir faire un tour de France héliporté en autonome, tout seul. (Tout ça pour) avoir le brevet, la licence de pilote professionnel, qui est une licence civile.”

“Dès qu’on arrive, on est évalué de A à Z”

Une fois que Malaury quitte Dax, il rejoint Cannet-des-Maures, dans le Var, pour apprendre à se spécialiser sur l’hélicoptère Gazelle, l’aéronef qui lui a été attribué en fonction de son classement. 

 

“Dès qu’on arrive, on est évalué de A à Z. Et d’autant plus à Dax, parce que chaque vol est noté. (…) Moi, j’étais au milieu du classement.(…) Dans ma promotion par exemple, il y avait deux Tigre, six Puma et neuf Gazelle.(…) Les Tigre sont partis dans les trois ou quatre premiers. J’étais juste quelques places en dessous, et j’étais parmi les premiers Gazelle.

 

Malaury a de la suite dans les idées : il envisage déjà “l’après”, son évolution vers le Tigre. Un pari “gagnant”, estime-t-il aujourd’hui. “Je suis très heureux de mon parcours, parce que vraiment, d’avoir pu faire de la Gazelle avant d’être parti en opération extérieure en Gazelle, pour ensuite basculer sur Tigre, c’est assez complet. Je suis bien content d’avoir vu ces deux aéronefs de cette filière-là. (…) Ce sont des hélicoptères polyvalents, qui peuvent faire vraiment beaucoup de choses, et qui font partie de toutes les manœuvres”, ajoute-t-il.

L’OPEX, le sens de l’engagement de tout militaire

À bord du Gazelle, le pilote a l’occasion de partir deux fois en OPEX, c’est-à-dire en opération extérieure. “C’est le sens de l’engagement de tout militaire”, juge-t-il. “Finalement, c’est un peu la mise en application de tout ce qu’on a appris. Et c’est le moment où on est utile, parce qu’on exerce vraiment cette spécialité. Et à un moment donné, presque, il nous tarde de partir en opération pour faire son boulot.”

 

En 2020, Malaury a “la chance” de basculer sur Tigre. Pour ce faire, il retourne à l’école, au Cannet-des-Maures, pour réapprendre une machine, avec un cockpit différent, des procédures différentes. Et ce n’est pas sa seule évolution. De pilote, Malaury passe également à chef de bord. 

Le chef de bord, celui qui va donner les ordres, lui qui va “décider en dernier ressort”

Un immense challenge qu’il relève avec brio. “Le pilote, sa mission, ça va être ni plus ni moins que de mettre en route la machine, décoller, effectuer la mission et ramener la machine, sur les ordres du chef de bord. Le chef de bord, c’est un pilote expérimenté, en tout cas pour les officiers sous contrat, qui est à même de piloter. Mais ce n’est plus son rôle : il va être le chef tactique de la mission. C’est lui qui va donner les ordres au pilote, c’est lui qui va décider en dernier ressort. Il va gérer les communications radio, la navigation et l’armement, pour les hélicoptères notamment comme le Tigre ou la Gazelle.”

 

Pilote et chef de bord travaillent en synergie, poursuit Malaury. “C’est pour ça qu’on s’entraîne tous ensemble. Et quand on part en opération extérieure, on se prépare généralement avec le même pilote, le même chef de bord, pour avoir ces automatismes. On arrive finalement, sans se parler, à mener à bien une mission, un peu comme du papier à musique, orchestré, millimétré.”

 

À seulement 35 ans, Malaury a encore une dizaine d’années de carrière devant lui. Et plusieurs options s’offrent à lui : devenir chef de patrouille, c’est-à-dire d’une flotte d’hélicoptères, ou pilote instructeur. 

 

“Tout au long de la vie, il faut savoir se remettre en question et repartir un petit peu à zéro. Ne pas s’enliser, ne pas rester sur ses acquis”, conclut-il. Une “remise en question permanente” qui fait, sans aucun doute, tout l’attrait de l’armée de Terre.

Pour revoir notre webinaire…

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