Valentin, ingénieur et conducteur d’opérations au SID : “Nous sommes un peu les acteurs de l’ombre”

Valentin du SID

À seulement 28 ans, Valentin occupe déjà un poste à responsabilités au sein de l’armée : il est ingénieur et conducteur d’opérations au Service d’Infrastructure de la Défense. Plus précisément, il est chef de projet dans la construction de bâtiments dédiés aux besoins des armées. À l’occasion d’un webinaire très éclairant, il a accepté de dévoiler les coulisses de ce poste complexe au micro de la CEO de My Job Glasses, Emilie Korchia.

Valentin, 28 ans, est entré au Service d’Infrastructure de la Défense en 2019. “Le SID est un service de soutien. On est un peu comme des acteurs de l’ombre, si je puis dire, qui servent l’opérationnel, notamment les marins”, précise-t-il. Cela fait déjà plus de cinq ans que cet ingénieur officie au cœur du secteur militaire, désormais en qualité de conducteur d’opérations. 

“Ça peut sembler un peu barbare quand on ne connaît pas, donc on pourrait résumer ça à chef de projet chargé de piloter des opérations d’infrastructure telles que la construction d’un bâtiment, la réhabilitation d’un quai”, détaille-t-il. 

“Je n’avais pas d’appétence particulière pour le monde militaire”

Tout destinait Valentin à intégrer le SID. Sa famille “baigne dans ce milieu”, selon ses propres dires. “J’ai des oncles militaires, et mes parents, frères et sœurs travaillent dans le domaine de la défense.” 

 

 

Toutefois, c’est seulement pendant une prépa intégrée à l’ISA BTP à Anglet, dans le Pays Basque, qu’il commence à s’intéresser au SID. “Je n’avais pas d’appétence particulière pour le monde militaire dans ma jeunesse. Mais au cours de mes études supérieures, je me suis intéressé à la question et j’ai eu envie de m’engager. J’avais un moment envisagé de devenir pilote d’hélicoptère, mais avec mon bagage technique en BTP, je me suis demandé comment allier ces compétences au monde militaire.” C’est ainsi qu’il découvre le SID. Il effectue quelques stages pour ”prendre la température”’ et pour voir si ce domaine lui convient. Il est rapidement convaincu. 

 

 

Il finit par être “recruté sur titre” lors de sa dernière année d’étude, c’est-à-dire après son diplôme d’ingénieur en poche. “J’ai ensuite intégré directement l’année de formation militaire requise par le statut.” Valentin effectue une formation militaire initiale, où il apprend les rudiments du métier de soldat. “On marche au pas, on apprend à chanter, à tirer, à crapahuter dans les bois. Donc c’est intéressant, ça crée un esprit de corps au sein de la promo”, se remémore-t-il. “Ensuite, on est affecté au sein d’une école d’officiers, que ce soit l’École navale, Saint-Cyr, ou l’École de l’air, pour une durée variable de 2 à 4 mois. Pour ma part, j’ai été affecté au sein de l’École navale”.

 

 

Pendant cette phase de cinq à six mois, Valentin effectue un stage de chasseur de mines tripartite sur la base de Brest. ”Et c’est au cours de ce stage qu’on nous a présenté les postes que nous occuperons à l’issue de l’année militaire. S’ensuit une période de quelques semaines d’adaptation à l’emploi, qui permet aux jeunes IMI (Ingénieur militaire d’infrastructure, ndlr) de pouvoir mieux appréhender tout ce qui est marchés publics, maîtrise d’œuvre… des notions qui pourraient sembler un peu moins présentes dans certains cursus de recrutement pour des écoles.”

Conducteur d’opérations, véritable chef de projet et maître d’ouvrage

Valentin devient conducteur d’opérations, un métier à ne pas confondre avec conducteur de travaux ou directeur de travaux dans le civil, prévient-il. “Un conducteur de travaux est très présent sur le chantier, alors qu’un conducteur d’opération est principalement en bureau. En tant qu’ingénieur, mon équivalent dans les autres armées serait lieutenant dans l’armée de Terre ou enseigne de vaisseau dans la Marine.”

 

Justement, au quotidien, Valentin passe environ 80 à 95% de son temps derrière son ordinateur. De par sa fonction, il est très peu sur le terrain. “J’échange toutefois très régulièrement avec les différents experts qu’on peut avoir au sein des différentes divisions. Car seul, je ne pourrais pas avancer. Je suis quotidiennement obligé d’aller solliciter des collègues, la marine, les entreprises. C’est, je pense, le principe d’un chef de projet, que ce soit infrastructure ou autre : on est comme des pilotes !”

 

Une analogie que Valentin aime bien utiliser pour faire comprendre son métier ? Il suffit de se placer dans la position de quelqu’un qui souhaite construire sa maison, dispose d’un certain budget et fait appel à un architecte et/ou un maître d’œuvre pour mettre en forme ses idées, le conseiller, et concevoir le projet. “Derrière, cet architecte – que nous représentons finalement – va contractualiser via des marchés publics des contrats avec des partenaires privés pour réaliser les prestations souhaitées par cette personne. C’est ainsi que j’essaie de résumer mon métier. En conséquence, je travaille avec de nombreuses personnes sur des projets qui sont généralement assez longs.”

“La création d'un stand de tir : on fera rarement ça dans le civil !”

Une autre entreprise que le SID donnerait-elle autant de responsabilités à un ingénieur de même pas 30 ans ? Rien n’est moins sûr. Valentin admet avoir une responsabilité “importante” sur ses projets. 

 

“On attend de nous que nous sortions des documents rapidement, de bonne qualité, en prenant en compte l’ensemble du spectre. Maintenant, on n’est jamais seul, tempère-t-il. Bien sûr, j’entends par là qu’on a toute une chaîne hiérarchique qui vient nous appuyer, nous challenger aussi, et essayer de permettre la production de documents de bonne qualité.”

 

Par ailleurs, il semblerait que le Service d’Infrastructure de Défense offre des opportunités professionnelles plutôt inédites. “Je pense que c’est un des éléments pour lesquels un jeune aujourd’hui, ou moins jeune, pourrait vouloir intégrer le service. On a cette chance, de par les activités qu’on couvre, de pouvoir participer à des projets qu’on pourrait qualifier d’exotiques. J’entends par là, par exemple, la création d’un stand de tir : on fera rarement ça dans le civil ! L’adaptation de quais pour l’accueil de sous-marins, c’est pareil.”

Une OPEX très challengeante, et le “poids des responsabilités”

En fonction du contexte géopolitique mondial, des ingénieurs militaires sont régulièrement envoyés à l’étranger, sur les “théâtres” où la France est engagée, raconte Valentin. L’opération pour laquelle il s’est porté volontaire a duré quatre mois.

“Un des théâtres majeurs où nous sommes présents aujourd’hui, c’est la Roumanie. C’est dans ce cadre que je suis parti en OPEX (opération extérieure) sur une fonction liée aux travaux.”

 

Pour Valentin, cette expérience a été “très challengeante”. “Tout était nouveau pour moi. On a un rôle clé parce que tout doit aller très vite. Il y a beaucoup moins de relecteurs sur nos dossiers. Et là, on ressent beaucoup plus le poids de la responsabilité qui nous incombe.” 

 

Sur place, Valentin participe à la création de plateformes, et doit principalement se concentrer sur des travaux de terrassement. “J’ai dû rouvrir mes bouquins pour me remettre à niveau, plaisante-t-il, mais cela s’est bien passé.” Avant de partir à l’étranger, Valentin a toutefois dû se former : “Ils n’envoient pas n’importe qui. Il faut suivre une semaine de formation pour se mettre à jour sur les fondamentaux, comme le tir ou le secourisme de combat.” 

 

Des projets complexes, des contraintes hors du commun, des responsabilités déterminantes… Voilà un environnement de travail que Valentin apprécie tout particulièrement. “L’idée est de pouvoir accumuler tout un tas de compétences, d’enrichir son panel, et in fine, de pouvoir accéder à des postes de responsabilité plus élevés. Donc moi, pour ma part, j’ai effectué de la conduite d’opération. Une suite logique pourrait être de prendre un poste en maintenance avec du management d’une équipe.”

Ce qui est certain, c’est que Valentin est déjà fier de son accomplissement. Notamment  la livraison récente d’un bâtiment sur le site de l’Île Longue. “C’est, dans ma toute petite carrière, ma plus belle réalisation.”

Et maintenant ?

Le métier de conducteur d’opérations vous intéresse ? Le parcours de Valentin vous inspire ? N’hésitez pas à échanger avec des professionnels du Service d’Infrastructure de la Défense afin de comprendre encore davantage la réalité concrète de cette composante du Ministère des Armées.

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